lundi 20 juin 2011

La faute à ces « fraudeurs » de Grecs » ?

Si l’on en croit la presse allemande mais aussi d’une partie de la presse française c’est la faute des Grecs. Ces gens seraient des fraudeurs par nature… ils se la coulent douce avec leur sirtaki dans les îles, buvant de la retsina..

De la même façon qu’en France, les chômeurs sont des fainéants. Ce n’est donc que l’effet d’un pur hasard si la crise de 2007-2008 et ses suites a provoqué une véritable épidémie de paresse : près d’un million de fainéants en plus rien qu’en 2009 !

Mais mettre la dette publique grecque sur le dos du peuple grec, c’est oublier l’essentiel

La fraude fiscale est-elle un « sport national » en Grèce ?  Ah oui ? Mais, dans ce cas-là qui fraude le plus ? Le salarié à 650 euros par mois ou le richissime armateur grec qui possède sa part de la 1ère flotte commerciale du monde et qui a son siège social à Chypre, ce paradis fiscal qui miraculeusement été intégré à la zone euro en 2008 ?

Pourquoi l’Eglise orthodoxe et  le budget des achats d’équipements militaires (le 2ème du monde en pourcentage du PIB) sont-ils systématiquement épargnés ?

Pourquoi l’Union européenne a-t-elle fermé les yeux pendant tant d’années sur les tripatouillages des gouvernements grecs successifs avec Goldman Sachs pour camoufler une partie de la dette publique et des déficits publics ? Pourquoi l’Union européenne ne s’est-elle décidée à ouvrir les yeux qu’en 2010 ? Et si l’Union européenne ne savait pas, comme elle le prétend, comment le citoyen grec aurait-il bien pu le savoir ?

Pourquoi ne pas reconnaître que de tels tripatouillages (au demeurant légaux tant le laxisme envers la finance est grand dans l’Union européenne) ont eu lieu également en Italie, avec la banque JP Morgan et  en Allemagne  entre la Deutsche Bank et Goldman Sachs ?

Combien de milliards d’euros l’Etat grec a-t-il dû débourser pour sauver les banques grecques ? C’est un véritable secret d’Etat, comme d’ailleurs, dans tous les pays du monde, en France comme ailleurs.

Combien a coûté à la Grèce la récession due à la crise bancaire de 2007-2009, la crise dite des « subprimes » ? Comme partout, la récession a diminué les recettes, augmenté les déficits publics et la dette publique. Il suffit d’observer l’évolution des déficits publics en Irlande (0 % du PIB en 2007 et plus de 33 % en 2010) pour comprendre ce qu’a coûté le plan de sauvetage des banques irlandaises dont le total des bilans avait atteint le chiffre inouï  de 900 % du PIB irlandais du fait d’une spéculation immobilière sans retenue financée sans réserve par le flot des crédits bancaires.  Le tout sous les applaudissements des oligarques européens.

Il est vrai que les Irlandais ne boivent guère de retsina mais ils sont réputés pour ne pas dédaigner la « Guinness », le « Jameson » et le « Tullamore ». Est-ce là que les gens sérieux devraient chercher l’origine de la dette irlandaise.

Combien a coûté à la Grèce l’accentuation de la récession due aux plans d’austérité aussi barbares qui lui ont été imposés dès 2009 ? En 2010, le PIB s’était écroulé de 4,5 % après un recul de 3 % du PIB en 2009. Comment s’étonner, après cela, que le montant de la dette soit de plus en plus importante rapporté au PIB ?

Combien coûte, chaque année, aux finances publiques grecques les intérêts, versés aux rentiers européens, d’une dette de 340 milliards d’euros ?

Combien coûtent à la Grèce les intérêts du prêt de 110 milliards d’euros (bientôt 140 ou 170 milliards) dont le seul objectif est de sauver les banques européennes, en premier lieu françaises et allemandes ?

Pour ceux qui douteraient encore que c’est bien là le seul objectif des plans d’« aide » à la Grèce, il leur suffirait d’observer d’un peu plus près la chute du cours des actions de la BNP-Paribas, de la Société Générale et du Crédit Agricole, les banques françaises les plus exposées à la dette publique grecque, alors que le nouveau prêt de l’UE et du FMI à la Grèce se fait attendre et que piaffe Sarkozy.

Tout cela ne compte pas, les Grecs, même si ceux d’entre eux qui ont un travail, travaillent plus longtemps que les salariés allemands, sont des « fainéants », des « fraudeurs », et cela explique tout.

Demain ce sera l’attirance prononcée des Espagnols et des Portugais pour « la sieste », la corrida et la movida, la saudade et le fado, l’attrait pervers du « vin rouge » pour les Italiens et les Français, le triste penchant pour la « bière » des  Belges, des Allemands, des Autrichiens et des Danois… Avec un tel florilège de stupidités, à la limite du racisme, les vrais responsables de la crise (les banques, les assurances, les multinationales…) pourront continuer tranquillement à s’enrichir.

A moins que, prenant exemple sur le mouvement social grec, sur les indignés espagnols, sur les huit millions de manifestants français qui défendaient leur retraite, les peuples européens qu’ils ont spoliés ne les obligent à rendre des comptes.ource:Marianne

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