mardi 11 octobre 2011

Vivement la démondialisation

Démondialisation : Une « dinguerie » selon Jean-François Copé, sur France 2 au JT de 20 heures.  L’homme était pathétique, visiblement agacé, énervé, déçu sans doute aussi par le nombre d’électeurs s’étant déplacés pour participer au premier tour des primaires socialistes. On peut le comprendre, car le PS a montré et défendu une belle avancée démocratique, ce que son parti, jusqu’ici, a été incapable de faire. En outre, si en 2017, l’UMP, sous la pression de ce qui vient de se passer pour le PS, devait organiser à son tour des primaires, rien n’assurerait que Jean-François Copé l’emporterait, de quoi lui filer une grosse crise d’urticaire.
S’il existe une « dinguerie », c’est bien la mondialisation
Mais, oublions le patron de l’UMP qui n’a été qu’un épiphénomène, pour nous pencher un peu sur la notion de « démondialisation ». Il faut être complètement « bouché » ou totalement pris pas l’idéologie de la mondialisation pour ne pas voir à quel point, celle-ci est antidémocratique et tragique pour la grande majorité des peuples.
Demandons leurs avis aux Chinois obligés de travailler pour un pourboire, durant des horaires impossibles, enfants y compris, afin de garantir le déséquilibre incroyable de la concurrence entre leur pays et ceux qui exploitent un tout petit peu moins leurs citoyens. Ce qui vaut pour la Chine, vaut pour la plupart des pays asiatiques, voire dans d’autres continents. Même si cela est « politiquement incorrect », il est nécessaire de rappeler que ces déséquilibres entretenus pour le plus grand bonheur d’un patronat occidental plus vorace que jamais, s’appellent, en langage clair et sans langue de bois, une tricherie à grande échelle. Ce vol, car qu’est-ce d’autre que cela, est couvert, protégé, promu même, par les politiciens de droite, en France, voire par certains au sein d’un PS qui se réclament bien trop de la social-démocratie qui a largement montré son échec à convaincre les peuples et à les entraîner. Il est évident que si nous voulons éviter la violence des peuples spoliés, dans les années à venir, il faudra combattre cette mondialisation de l’anarchie financière.
En France, ils ne sont pas nombreux à avoir le courage de vouloir s’attaquer à cette anomalie qu’est la mondialisation. Il y a Marine le Pen, mais en aucun cas elle ne peut être rangée dans le camp démocratique. Il y a Nicolas Dupont-Aignan, mais il est à droite, ce qui est très gênant pour des électeurs de gauche. Il y a Eva Joly, si j’ai bien compris. Il y a aussi Jean-Luc Mélanchon, mais il est allié au Parti communiste, ce qui, cette fois est très gênant pour des centristes, voire des gens de droite voulant la fin de la mondialisation. Et, enfin, il y a Arnaud Montebourg, celui qui a moralement remporté une belle victoire aux primaires socialistes, puisqu’aucun sondage n’avait prévu sa troisième place avec un score à deux chiffres. Je l’ai, moi aussi, choisi lors de ce vote. Mon seul regret, c’est qu’il ne sera pas présent au second tour, je me sens quelque peu orphelin et, du coup, je ne sais pas encore si je vais me déplacer ou non dimanche prochain… Martine Aubry ou François Hollande sont-ils capables de prendre en compte l’idée de démondialisation, eux qui ont appelé à voter « oui » au référendum sur la Constitution Européenne ? J’en doute…
Franchir l’écueil des pros-mondialisation
Je suis arrivé sur le net au travers de mon attirance pour l’altermondialisme, il y a huit ans. Je me souviens à quel point nous nous faisions insulter par les bien-pensants de la société, des medias et des politiciens. Nous proclamions qu’ « un autre monde est possible », et je le crois toujours. C’est toujours d’actualité. Que de sourires condescendants ou de hochements de tête négatifs et accusateurs, voire de fureur, nous avons eu à subir avec la taxe Tobin. Or, désormais, certains gouvernants commencent à y songer plutôt sérieusement.
Il en sera de même pour la démondialisation, je n’en doute pas. Bien sûr, pour Jean-François Copé, ce n’est qu’une « dinguerie », sous entendu tous ceux qui ont votés pour Montebourg sont des dingues. Merci pour le respect envers ces citoyens ! Donc, rien de neuf du côté des petits soldats du capital financiarisé ! Nombre d’experts, nous disent qu’il est impossible de revenir sur la mondialisation dans le monde d’aujourd’hui, que tout est « plié ». Ils me font sourire, moi qui n’y connais rien. Ils oublient, ces doctes savants, ce que sont le cerveau et l’esprit humain.
Il n’est pas besoin d’être un docte savant en économie, affirmant que le système actuel est indépassable, pour savoir qu’une foule de systèmes indépassables ont été renversés, parfois par des révolutions, parfois juste par simple imagination et intelligence de la recherche d’autres solutions. L’esprit humain, son intelligence, est quelque chose qui est proche de l’infini. Si tel n’était pas le cas, nous serions toujours dans des cavernes. Alors, pourquoi rester dans les cavernes du conservatisme capitaliste et financiarisé ? Je crois en l’homme, en ses capacités d’adaptation, en sa volonté de changement lorsqu’il s’aperçoit, même après de nombreuses années, qu’il s’est fourvoyé dans une voie catastrophique.
Donc, pourquoi ne pourrions-nous pas lutter contre la mondialisation telle qu’elle nous a été imposée par un système de « marchands » et « financiers » sans scrupules ? Serions-nous si bêtes ou fous ? Nous le serions si nous ne luttions pas contre ce monstre de la finance qui écrase tout et tous. Cette mondialisation connaîtra, tôt ou tard, sa fin. Mais mieux vaudrait tôt que tard, si nous voulons éviter à nos enfants que la terre ne soit plus qu’un désert écologique et un lieu où une minuscule poignée de possédants accapare 99% des biens de la terre !
Etre indignés, certes, mais également insoumis
Se soumettre à un régime politique ou a un régime économique est l’un des drames que peut vivre une nation. C’est le nombre et la qualité de ses insoumis qui fera ou non grandir un pays. L’insoumission ne signifie pas automatiquement la violence. C’est un état d’esprit.
Ainsi, pourquoi baisser l’échine et prendre pour vérité intangible qu’il faut que les peuples paient les conséquences de la voracité, jusqu’à la bêtise, de banquiers qui, plutôt que de faire leur métier ont voulu devenir des spéculateurs ?
Ainsi, selon certains sondages, peu à peu, les Français se seraient ralliés à la propagande qui affirmait qu’il fallait à tout prix obliger les gens à travailler plus longtemps en reculant l’âge de la retraite ? Ce ralliement avait tout d’un mauvais parfum de soumission face à des ministres et à des « experts » qui tentaient de nous faire peur.
Autre soumission, toujours en cours, celle de notre apathie face au démantèlement systématique de nos services publics, pour la seule raison de les livrer au privé qui ne se privera en aucun cas d’augmenter les prix de ce qui fut un service et n’est plus qu’une affaire à rendre juteuse.
Tant que le peuple, mais également les dirigeants, qu’ils y trouvent leur intérêt ou non, restent dans une logique de soumission à l’idéologie, actuellement dominante, des marchés financiarisés, des agences de notation, donc dans la soumission aux néolibéraux, tout ira plus mal, et même l’imagination d’un nouveau monde possible s’estompera. Il n’y a d’imagination et de création que dans l’insoumission ! Il suffit de se rappeler du CNR, donc des résistants de la dernière guerre mondiale. Le pays était ruiné, mais cela  ne les a pas empêché de nous offrir toutes les bases sociales dont nous bénéficions encore, même si c’est de moins en moins, aujourd’hui.
On nous dit que  plus rien de semblable n’est possible, aujourd’hui, mais sans donner les raisons, c’est-à-dire sans oser nous dire que la misère qui avance est le fait, principalement, de la soumission des Etats aux marchés, donc, à la mondialisation. Constatant cette manipulation des citoyens, nous avons toute légitimité à lutter contre la mondialisation actuelle, tout comme, d’ailleurs, contre son excroissance qu’est l’Europe telle qu’on nous l’a imposée de façon absolument anti-démocratique.
Serions-nous proches du Front National ?
C’est le dernier et plus stupide argument trouvé par certains membres de la droite en France. Il est d’ailleurs amusant d’entendre ces gens-là nous faire ce reproche-là, lorsqu’on voit qu’une partie de leur politique, notamment contre les étrangers, est de la même famille que celle, honnie, du Front National.
Marine le Pen et les siens sont assez grands pour constater, seuls de leur côté, les dégâts de la mondialisation. Il ne s’agit pas d’idéologie, mais d’un constat. Assimiler Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélanchon, Eva Joly et Nicolas Dupont-Aignan à Marine le Pen, et nous tous, de plus en plus nombreux à soutenir la volonté de démondialisation, relève d’une parfaite malhonnêteté intellectuelle. Mais, évidemment, nos adversaires ne sont pas à ça près…
Reste que l’Europe est désirable, mais une autre Europe que celle des marchands ; qu’une mondialisation est également désirable, mais surtout pas celle des marchands et financiers. Jamais les peuples ne seront protégés de la voracité des possédants dans un système comme celui qui existe aujourd’hui. Il est donc nécessaire, et même obligatoire, de lutter contre et de créer autre chose.
Ne nous laissons plus manipuler par ceux, politiciens ou experts, qui veulent nous faire avaler de force leur indépassable système, à la manière dont on gave les canards et les oies !...
Jean Dornac
Paris, le 11 octobre 2011

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