vendredi 11 novembre 2011

Oui, je sais, c’est iconoclaste d’affirmer cela. Mais il faut assumer et je le fais. Rendre hommage aux morts, oui, d’autant plus que, pour la majorité d’entre eux, les guerres, ils n’y ont pas participé volontairement.
Qu’avoir envie de fêter lorsqu’on sait que les guerres, dans leur quasi totalité, sont faites par et pour les empires financiers, notamment les vendeurs d’armes, mais pas qu’eux ! Alors, comment ne pas être profondément choqué et révolté, lorsqu’on entend, encore de nos jours, ces discours fumeux disant des victimes de toutes les boucheries subies ou fomentés par notre pays, qu’elles sont « mortes pour la France » ? J’ai toujours considéré qu’après avoir sacrifié ces vies aux intérêts d’une poignée de fous criminels, c’était un crachat sur leurs cadavres.
Comment, aujourd’hui même, avoir envie de participer à l’hommage officiel, sachant que la cérémonie nationale est détournée pour devenir un « remake » de la cérémonie américaine et anglaise ? Sarkozy, visiblement, dans une foule de domaines, veut nous assimiler à l’esprit et à la mentalité de l’Amérique, de l’Angleterre et, en Europe, veut nous soumettre aux lois allemandes. C’est de la trahison de haut vol, parce que c’est la trahison de la culture qui est la nôtre. Je crois que cette trahison est la pire parce qu’elle s’attaque à ce qu’on peut qualifier d’ « âme de la Nation ». J’en arrive à me demander si ce personnage a suffisamment de culture française ? J’en arrive aussi à me demander s’il ne nous « vend » pas aux anglo-saxons pour les intérêts de ses très riches protecteurs, ici et dans ces pays…
Alors, commémorer quoi ? Les boucheries infâmes qui ont eut lieu en 14-18, en 39-45, en Indochine, en Algérie, aujourd’hui, encore, en Afghanistan et il y a peu en Libye ? Ou alors commémorer les bénéfices des vendeurs d’armes, qu’ils soient des industriels ou des pays, comme, précisément, la France ? Ou encore célébrer l’armée qui ne fête que ses « faits d’armes », ses victoires toujours fragiles et remises en cause, qui célèbre ses officiers, le plus souvent bien à l’abri des champs de bataille, mais qui oublie les soldats morts aux champs d’horreur de même que les innombrables victimes civiles, et qui pousse le crime jusqu’à fusiller, sans état d’âmes, les soldats lucides qui ont le courage de résister aux ordres imbéciles !
Non, il n’y a rien à fêter, juste se souvenir de tous ces hommes, femmes, enfants, massacrés partout sur la surface de la terre pour rien ou si peu de choses… Et ceci, sans drapeau ni flonflon pour célébrer le deuil des victimes de la barbarie humaine.
Qu’est-il de plus absurde que d’être né pour mourir à la guerre sous la mitraille des pauvres types d’en face autant victimes que les nôtres ?...
Des raisons de s’inquiéter et d’être vigilants
Il nous faut être lucides, les fauteurs de guerre existent toujours. Le capitalisme financier ambiant en est le nerf. Il faut tout de même savoir que la « crise », fabriquée de toute pièce, est soutenue et provoquée, non seulement par nos politiciens complices, mais de manière plus crue encore par d’infâmes individus comme le patron de Goldman-Sachs qui conseille à ses investisseurs de parier sur la fin de la zone euro. La guerre, pour l’instant, se confine au niveau de la finance et des monnaies, mais il y a fort à parier qu’elle aura comme conséquence des futures guerres, comme celle qui semble se préparer contre l’Iran en dépit des dénégations actuelles.
Dans un contexte aussi explosif, l’ « appel à l’allégeance au drapeau » est un élément de plus pour rester totalement lucide et attentif. Tout comme l’est cette idée farfelue de l’UMP de vouloir réintroduire les uniformes dans l’école. De tout temps, lorsqu’il commence à y avoir des frémissements annonçant une guerre, les politiciens, particulièrement de droite, agitent la propagande nécessaire à la « récolte de la chair à canon ». C’est qu’il s’agit de formater les esprits pour qu’ils deviennent dociles et particulièrement crédules.
Il nous faut être prêt à dénoncer et désamorcer ce type de propagande odieuse.
L’homme et la vie sont faits pour vivre en paix, pour se développer, pour créer et aimer, pas pour tuer et détruire.
Jean Dornac
Paris, le 11 novembre 2011
* * *
Le déserteur, de Boris Vian
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens

Aucun commentaire: