samedi 12 novembre 2011

Dans le pressoir des banksters et des hypra libéraux


Ah, y’a pas à dire, c’est bien foutu comme système. Même lorqu’on est sidéré en permanence devant l’évolution apocalyptique de ce monde, que l’on connaît par cœur les travers des pires personnages, et notamment de ceux qui nous gouvernent, on arrive encore à faire preuve de naïveté, à s’étonner devant la beauté mécanique de la machine à broyer qui nous enserre.
En France, notre premier sinistre Fillon, qui, campagne électorale oblige, est désormais préposé aux mauvaises nouvelles, vient d’annoncer un nouveau “plan d’austérité”. C’est le troisième en quelques mois. Surréaliste et ridicule à la fois. En plus d’être parfaitement vain. Il devrait permettre d’économiser 7 milliards d’euros. Fort bien. Ca paiera tout juste l’ardoise du “sauvetage” de la banque Dexia, 6 milliards. Pour ça, il a pourtant fallu augmenter la TVA, l’impôt qui frappe les pauvres. On a glosé sur la restauration et la rénovation du bâtiment. On a moins parlé des “services à la personne”, ou des livres. De toute façon, c’est mauvais de lire des livres. Ça fait réfléchir…
Fillon est un malin. Il fait passer la TVA des restaurateurs de 19.6 à 5%. 3 milliards de moins chaque année dans les caisses de l’Etat en faillite. Ah oui, mais ça “crée des zemplois®”. Oui, 30000 à peu près. Ça nous met l’emploi subventionné à 100000 euros par an. Ca fait cher du loufiat…
Croyez-vous qu’il reconnaîtrait son erreur en annulant cette connerie ? Non, il passe de 5.5 à 7. Foutaise.
Il paraît que c’est pour faire comme les Allemands. On fait tout comme les Allemands. Du moins quand ça arrange Sarkozy et Fillon. Car les Allemands, ils ont compris qu’il faut sortir du nucléaire, mais curieusement, là on ne les imite pas. Les Allemands, contrairement à nous qui avons laissé partir toutes nos usines en Asie ou en Europe de l’Est, ils fabriquent encore chez eux. Du coup, ils vendent plus qu’ils n’achètent. Du moins pour l’instant. Croire qu’un modèle économique capitaliste puisse marcher à l’infini, c’est grotesque. Le pic pétrolier, qui fera que plus personne n’achètera rien, aura raison de l’économie allemande comme des autres. En attendant, ce qu’on loue chez les Allemands, ce sont les “réformes” dictées par les alliés ultralibéraux de Merkel, les baisses de salaires, la casse du droit du travail…
Par contre je n’ai pas bien compris le coup de pied de l’âne du passage à la retraite à 62 ans plus tôt que prévu. Bénéfice sur le budget 2012 : 0. C’est juste idéologique. Si vous regardez le parcours de Fillon, vous verrez qu’à chaque fois que le gouvernement a attaqué les retraites, il n’était jamais loin. Il a dû être frappé par un retraité quand il était gamin, et il a décidé de se venger, probablement…
Mais c’est pas tout : Fillon augmente (sans le dire) les impôts. Ça, c’est plus intéressant. Croyez-vous qu’il aurait créé des tranches plus élevées, pour faire “payer les riches” ? Que nenni ! Il se contente de laisser glisser sournoisement les tranches actuelles, ce qui va surtout augmenter les impôts des salariés, et même rendre imposable des pauvres qui ne l’étaient pas. Quelle élégance. Surtout que quelques mois avant il a dézingué l’ISF.
Ah, mais il a aussi augmenté de 5% l’impôt sur les sociétés ! Et ça, SuperNo, tu ne peux qu’approuver, non ?
Ah oui, je m’incline. C’est assurément un coup dur pour les multinationales. Total tremble ! Pensez-donc, 5% de zéro, c’est sûr, les finances françaises sont sauvées…
Ajoutant le ridicule à l’inefficace, Fillon annonce le gel du salaire du président et des ministres. Là, on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer… C’est pas qu’ils avaient l’intention de s’augmenter, quand même ? Ils savent pourtant bien qu’ils n’ont plus que 6 mois à tirer, et personne n’a oublié que Sarkozy avait quasiment multiplié son salaire par 3 dès son arrivée…
Bref. De toute façon, ce qu’il faut voir, c’est le caractère dérisoire de ces saloperies au vu de l’ampleur des dégâts. 7 milliards sur une dette qui en fait 1700, et qui, sous la conduite de notre expert agité qui sauve le monde du haut de ses talonnettes, s’est accrue ces 5 dernières années au rythme de 120 milliards par an.
L’objectif serait de revenir à 3% du PIB en 2013. C’est surréaliste. Il faudrait pour cela un giga plan d’austérité qui taillerait au bulldozer dans les effectifs des fonctionnaires (des profs, des infirmières, des flics…), qui privatiserait tout, qui ferait passer la TVA à 50%, etc, etc…
Et ça ne suffirait même pas. C’est trivial, mais même à 3%, on serait toujours en déficit, et la dette continuerait à augmenter. Il faudrait donc toujours rembourser plus d’intérêts aux banksters. Qui en veulent toujours plus, et font donner leurs chiens de garde des agences de notation, qui menacent de faire monter les taux d’intérêts à “coups de dégradations de la note”. Regardez nos 1700 milliards. 1% d’intérêts, c’est 17 milliards. A 4%, comme actuellement, c’est plus près de 70. A plus de 7%, comme pour l’Italie, c’est 120 milliards.
 C’est simple, il est strictement impossible de rembourser cette dette, même en bouffant les pissenlits par la racine pendant 100 ans.
SuperNonotte me disait l’autre jour, en prenant connaissance du “Plan Fillon”, quelque chose comme “Ben oui, mais il faut bien la rembourser, cette dette”.
Ben non. Justement, non. Il ne faut pas. Surtout pas. Non seulement parce que ce n’est pas possible, mais surtout parce que cette dette est indue : elle est le fait de l’incompétence, de la corruption et du cynisme d’une poignée de salopards machiavéliques qui nous ont foutus dans cette merde à l’insu de notre plein gré.
Cette dette, il faut commencer par l’évaluer. Il y en a peut-être une partie qui est remboursable, contractée pour des raisons acceptables auprès de gens de bonne foi. Le reste, c’est de la dette idéologique. C’est la conséquence de la loi scélérate du 3 janvier 1973 (cf mon dernier billet sur Etienne Chouard) Il ne faut pas y aller avec le dos de la cuiller : il faut la zapper.
Et la première chose à faire, c’est de virer les complices de ce système, tous ceux qui ne remettent pas en cause le principe de l’obligation d’emprunter de l’argent à des banques privées au lieu que ce soit le travail d’une banque centrale publique. C’est-à-dire la plupart des politiciens actuels. À ma connaissance, les trois seuls qui ne font pas partie du lot sont Mélenchon, Le Pen (Argh !) et Dupont-Aignan. Ceux que les scélérats traitent de “populistes”. Quant aux autres, il faudrait leur poser la question, ce qu’aucun journaliste ne fait. Lire à ce sujet l’article (et les liens qu’il contient) du toujours excellent Olivier Bonnet , c’est édifiant.

Je reviens à mon sujet du départ : la mécanique du pressoir libéral. Les banksters nous rackettent. De plus en plus. Et pour pouvoir continuer à toucher le fruit de ce racket quand nos poches sont vides, ils nous menacent et nous somment de trouver du pognon par tous les moyens. Comme par hasard, ce sont les moyens de l’idéologie libérale : suppression de l’État, des Services Publics, des fonctionnaires, de la Sécu et des prestations sociales.
Comme les banksters ne peuvent théoriquement pas nous donner directement des ordres, ils passent par des hommes de main : nos élus, et les hauts-parleurs des médias. En temps normal, aucun élu ne pourrait dire qu’il va nous tondre pendant 5 ans pour résorber une dette indue : personne ne voterait pour lui . Mais ce serait mal connaître la force de frappe de ces margoulins : ils insinuent à longueur de JT que la situation est dramatique, reprennent l’antienne libérale “There Is No Alternative”, et au bout de quelques années de ce traitement, il est admis par l’immense majorité des électeurs. The Shock doctrine dans toute sa splendeur. N’en doutez pas, ce sera le boulot de Flanby pendant 5 ans.
Et quand ces fâcheux de citoyens, à bout, commencent à s’aviser que ça va bien, que ça suffit comme ça, et qu’il serait temps que ça s’arrête, on passe à la suite : les banksters remplacent carrément les politiciens pour faire nommer les leurs !
En Grèce, Papandreou a été viré pour avoir osé envisager de consulter la plèbe, ce troupeau d’ignares qui ne comprennent rien au business model d’une banque d’affaires ni aux subtilités de la gestion d’un Hedge Fund. Alors les politiciens se sont réunis, y compris les rats crevés du parti de droite “Nouvelle Démocratie” (traduction française approximative : “UMP”), dont la corruption et l’incompétence ont été les causes principales du “problème grec”.
Et qui choisissent-ils ? Un dénommé Loukas Papademos, qui n’est autre que l’ex-vice-président de la BCE, adjoint de Trichet entre 2002 et 2010 !!! La BCE dont la politique à la fois lamentable et impuissante a largement contribué à mettre l’Europe dans l’innommable merdier dans lequel nous barbotons. C’est proprement impensable.
En Italie, il y avait cette caricature de charogne de Berlusconi. On se disait que dans la catégorie “dirigeant occidental”, il était difficile de faire pire. Même Sarkozy, malgré ses efforts, restait loin derrière. Le jour de sa chute aurait dû être un jour de liesse dans toute l’Europe. Mais en fait, non. Ce que le peuple italien, saoulé de foot et de télé-poubelle, n’a pas réussi à faire en 18 ans, une clique de banksters l’a obtenu en quelques semaines, en claquant des doigts.
Et par qui vont-ils remplacer Berlusconi ? Par un dénommé Mario Monti, sinistre politicien ultralibéral. Il a le charisme d’un bulot. Jamais il n’aurait pu être élu. Son passé fait frémir : ancien commissaire européen au marché intérieur, poste auquel il avait été remplacé par… Bolkestein ! Il fut ensuite commissaire à la concurrence… libre et non faussée, ça va de soi. Mais ce que Wikipedia nous apprend de son pedigree est proprement insensé :
Mario Monti est actuellement président de l’université Bocconi de Milan et un responsable de Bruegel, un think tank européen fondé en 2005. Dès 2005 il est International Advisor pour Goldman Sachs. Depuis 2010, il est aussi Président de la section Europe à la Commission Trilatérale. Il est également membre du comité de direction du groupe Bilderberg”. Non seulement il est membre de toutes les saloperies ultralibérales imaginables, mais il a été payé par Goldman Sachs !!!!!!!!!!!!!!!!!! Encore !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Et on appelle ça “Démocratie” ????????????????????? Tout au plus de la “Banksterocratie“…
Rappelons que c’est l’ancien directeur pour l’Europe de Goldman Sachs, Mario Draghi, qui dirige désormais la BCE. La BCE, c’est une des trois pièces du pressoir libéral, avec le FMI et la Commission Européenne, machine connue sous le nom de Troïka. J’écoutais l’autre jour Jean Ziegler raconter chez Mermet que le FMI avait, en échange de prêts, exigé du Guatemala qu’il donne ses terres les plus fertiles à la multinationale Del Monte, expropriant les autochtones. Résultat, quatre-vingt-dix mille enfants de moins de 10 ans meurent de faim tous les ans au Guatemala.
C’est juste pour dire que baisser le salaire des fonctionnaires, comme c’est déjà le cas en Grèce, ce n’est qu’un début : ces serpents au sang froid n’auront pas de scrupule à aller beaucoup plus loin.
Aujourd’hui, c’est la Grèce qui doit subir les plus gros dommages. Et c’est l’Italie qui arrive à son tour dans le dur. La dette italienne est de 1900 milliards d’euros ! A peine plus que la nôtre. Autant dire que notre tour viendra très bientôt. La danse du scalp autour du “Triple A”, qui va escamoter tout débat présidentiel, ne fait que commencer.
Alors, on fait quoi ? Sarkozy, dans sa séance d’autopromotion télévisée nous a fourni la réponse. Résister ? Vous n’y pensez pas ! Non, il faut “O-bé-ir”. Sa doctrine est la suivante : “Si on ne veut pas encourir les foudres des agences de notation, il suffit de se comporter comme elles le demandent et rembourser la dette!” Sic ! Attention ! ce que vous allez entendre, ce sont les leçons d’un mec qui a plombé cette dette de 600 milliards en 5 ans ! Aussi crédible que si DSK donnait des leçons de chasteté et de probité…
N’est-ce pas là le conseil que donne la police aux commerçants qui se font braquer ? Surtout ne résistez pas, faites tout ce qu’ils vous demandent, donnez leur la caisse, et ça devrait bien se passer…

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