jeudi 15 décembre 2011

Etre et rester libre dans nos choix

Mon dernier article à propos de Dominique de Villepin a suscité quelques réactions qui m’amènent à préciser, notamment, ma conception de la liberté. La première chose que je veux dire et qui me semble essentielle, c’est que « Si je ne suis pas libre, je ne suis rien ».
On me dira qu’être libre est plus que compliqué, très paradoxalement, dans une société de la communication, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le problème, entre autres, c’est que la communication d’informations politiques s’est transformée en « com » publicitaire. Or, la « com » ne vise qu’un but, la manipulation des esprits y compris par l’usage plus ou moins intensif du mensonge. C’est même la « règle de l’art » de cette « com ».
Si l’on est conscient de se faire manipuler, il n’y a pas d’autre urgence que d’abandonner les « supports » de la « com ». Autrement dit, de cesser d’écouter « la cour du roi », ou si vous préférez, les ministres qui envahissent plus que jamais les plateaux de télévision ou les studios des radios. Ceux-là, sous la férule de Nicolas Sarkozy, en sont à servir des « éléments de langage », sorte de pensée « prémâchée » par l’Elysée, qu’il s’agit d’enfoncer dans les cerveaux des auditeurs afin d’endormir leur esprit critique.
Le contraire des « éléments de langage »
Tout article écrit par un esprit libre d’intentions manipulatoires doit viser à proposer une réflexion, mais jamais à l’imposer. Il s’agit, toujours, lorsqu’on est honnête, de susciter la réflexion personnelle du lecteur et non pas de le ramener dans notre champ de pensée personnelle. Ainsi, lorsque j’ai parlé de Dominique de Villepin, j’exprime une opinion personnelle, à laquelle je crois profondément, et je cherche à susciter la réflexion de ceux qui me lisent, non pas de les aliéner à une pensée qui ne serait pas la leur.
En revanche, lorsque je détaille la politique actuelle du pouvoir, je tente, le plus possible, de me baser sur des faits contrôlables. Et parce que je les ressens comme très négatifs, voire catastrophiques pour l’ensemble du pays, je me dois de le dire. Ce ne doit pas être de la propagande anti-pouvoir, mais des faits qu’ensuite, chacun peut et doit juger selon sa propre conscience.
Comment aller vers une véritable liberté de l’esprit
Sans doute n’atteindrons-nous jamais ou que très rarement, une liberté plénière. Depuis notre enfance, nous sommes formatés, nourris au biberon de la pensée de notre époque, tant dans nos familles qu’à l’école ou par les émissions, notamment télévisuelles. Cependant si, à mesure que nous prenons de l’âge, nous comprenons que l’enseignement reçu n’est pas forcément la vérité absolue, nous avons tous ou presque la possibilité de changer.
Il y a, à mes yeux tout au moins, deux chantiers très lourds à aborder pour acquérir la liberté de l’esprit et du jugement.
- Etre et rester lucide quant aux religions
- Etre et rester lucide quant aux idéologies
Il ne s’agit pas, pour la religion, de perdre forcément la foi, même si la réflexion et l’analyse y conduisent très souvent, mais de porter l’effort de lucidité sur ce qu’on appelle les « dogmes ». De la même manière, agissant le plus souvent à l’exemple des religions, il faut très finement analyser les dogmes des idéologies. Ne pas faire ces efforts, parfois difficiles, souvent contrariants parce qu’ils remettent nos croyances en question, parce que c’est le plus souvent très déstabilisant, conduit à enfermer nos esprits dans une geôle aux barreaux resserrés et très épais.
On peut partager certaines options des idéologies, mais en se gardant bien d’en faire des dogmes. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne me suis jamais encarté dans un parti politique, ni de droite ni de gauche ni du centre. Devenir militant, même si c’est parfaitement honorable, limite très sérieusement notre liberté d’expression et surtout de pensée. Qu’on en ait envie ou non, on suit les consignes du parti, si tout au moins on veut continuer à être l’un de ses membres. C’est pour cette raison qu’on voit, parfois, des membres de tel ou tel parti, de tel ou tel gouvernement, faire mille contorsions de l’esprit pour tenter de rester, à la fois, fidèle au parti ou au gouvernement, tout en n’étant manifestement pas en accord avec les décisions prises. C’est, qu’on le veuille ou non, l’expression même d’une âme emprisonnée. Ainsi, par exemple, le fait pour les députés d’être obligés de voter selon la discipline du parti ou du groupe. Où donc, réside la liberté de choix, pour ceux-là ?
Ne pas rester figé dans nos choix politiques
Le dessein principal de mon article de ce jour, est d’évoquer l’essentielle liberté d’esprit, celle qui, seule, permet de faire un choix politique qui peut sembler contradictoire avec nos prises de positions antérieures. Certains, dans leurs réactions à mon texte sur Dominique de Villepin, l’on relevé, parlant même d’un « retournement de veste », d’autres ont été surpris.
C’est que la liberté de pensée, la liberté d’esprit est toujours déroutante pour qui n’en a pas l’habitude ou s’est laisser enfermer dans une « pensée unique » quelle que soit sa nature. Je ne les juge pas, ne les condamne pas, mais j’aimerais qu’eux mêmes jugent un peu moins vite…
Le général de Gaulle disait, à peu de choses près, « tout est question de circonstances ». Je ne peux qu’être en très profond accord avec cette affirmation. Cela ne revient pas à changer d’avis pour un oui ou pour un nom, mais à bien peser un choix en fonction des événements que nous vivons, que nous avons à subir.
Si, a priori, mon choix, pour la présidentielle de 2012 s’oriente sérieusement vers Dominique de Villepin, alors qu’il est de droite, donc, normalement à l’opposé de ma pensée habituelle, c’est une question de circonstances avant tout.
Convaincu que nous allons vers des années extrêmement dures, voire vers des temps de possibles guerres, tant pour des questions stratégiques, de raréfactions de matières premières, pétrole, eau, etc, que de rivalités entre l’Occident américain et européen contre le camp chinois et russe, j’ai la conviction qu’il me faut choisir un homme de caractère, un homme qui sait dire « non » lorsqu’il le faut. Pour l’heure, à mes yeux tout au moins, un seul a montré qu’il pouvait le faire, qu’il osait le faire, et c’est Dominique de Villepin. Je veux espérer, par exemple, tout en ignorant si c’est dans son programme, qu’il nous sortira, en cas d’élection du piège de l’OTAN dans lequel Nicolas Sarkozy nous a plongé. Je sais très bien qu’à côté de cela, je peux être déçu, voire plus, sur d’autres plans de sa politique. Choisir de Villepin ne signifie en aucun cas renoncer à mes idéaux de justice et de partage des richesses entre tous les citoyens.
Mais c’est bien en fonction des dangereuses années qui nous attendent, en fonction des nuages très noirs et nombreux qui s’accumulent sur la surface de la terre, que donc ces circonstances me le font préférer à tout autre candidat actuel. Les circonstances commandent et je fais ce choix parce que je crois être libre de tout dogme. C’est aussi pour cette raison que je crois qu’il faut à notre pays, un gouvernement « d’union nationale », incluant les partis qui n’ont pas été complices de la politique désastreuse des cinq dernières années.
Conditions d’une liberté d’esprit réelle
Il faut rester capables de respecter le choix des autres, nul ne détenant l’absolu vérité. En parallèle, il faut combattre sans remord ni faiblesse, tout ce qui est injuste, non pas selon une propagande partisane, mais selon les faits avérés. Par ailleurs, il n’est pas de combat politique comportant une certaine grandeur sans respect des adversaires, tout au moins des partis politiques respectant les droits humains, ceux de tous les humains, français ou étrangers. Ce qui exclu, aujourd’hui, le FN et l’UMP, selon mes analyses.
Enfin, pour acquérir et vivre une véritable liberté de penser, d’écrire, de choix et d’action, il ne faut pas craindre d’être mal jugé, voire d’être abandonné par ceux qui nous soutenaient. Avoir cette crainte, même s’il est toujours douloureux de perdre des proches en pensées et en combats, reviendrait à se mettre des menottes aux poignets.
Etre et rester libre est la condition essentielle pour porter et mériter le nom d’ « Homme ».
Source: Jean Dornac 

Aucun commentaire: