jeudi 8 décembre 2011

Fraudes à la Sécurité sociale, fraudes aux allocations-chômage ou au R.S.A... Salauds de pauvres !

Les médias et le CE de la RATP

Philippe ARNAUD
Les remarques qui suivent portent sur un sujet qui a été traité par le journal télévisé de France 2 du 6 décembre, une première fois à 13 h, et une seconde fois à 20 h. Il était assez important pour être annoncé en début de journal et traité parmi les premiers. De quoi s’agissait-il ?
Il s’agissait, comme l’indiquait le titre, d’un "rapport accablant de la Cour des Comptes sur le comité d’entreprise (CE) de la R.A.T.P., l’un des plus riches de France." On y apprend que "les dirigeants du CE organisaient des soirées très coûteuses dans un château appartenant à la C.G.T." On y apprenait aussi que "le CE a financé la C.G.T." Et que le "CE assure un financement occulte et parallèle des syndicats".


Puis le journaliste élargit le scandale, en l’étendant au CE de E.D.F./G.D.F., qui aurait assuré le "financement de la C.G.T. et du Parti communiste". Il y est aussi question du CE d’Air France.
Enfin, on écoute : "Cela n’est pas mieux à la S.N.C.F." et "Cela touche au financement des syndicats".
A 13 h, la journaliste, Elise Lucet, reçoit même le député Nouveau Centre Nicolas Perruchot (du Loir-et-Cher) qui a rédigé un gros rapport sur le sujet, rapport qui est passé au broyeur, du fait que le Parti socialiste et le Parti communiste ont voté contre, et que l’U.M.P. s’est abstenue. Et Elise Lucet demande au député : "En somme, pour le financement des syndicats, c’est l’omerta ?".
Remarques.
1. Dans tous les cas, les entreprises concernées sont des entreprises publiques (R.A.T.P., E.D.F./G.D.F., Air France, S.N.C.F.). Or, ce sont ces mêmes entreprises qui sont sans cesse dans le collimateur du patronat, de l’U.M.P. (et de tous les partis de droite), des journaux tels que Le Figaro ou Le Point, comme étant des services inefficaces, qui peuvent, à leur gré, paralyser la France (ou la région parisienne pour la R.A.T.P.), et où les salariés sont payés comme des nababs, ont des retraites somptueuses... et ne fichent rien ! [D’où l’idée, instillée depuis des années dans l’esprit du public, comme de l’eau qui tombe goutte à goutte sur une pierre et finit par la creuser, qu’il faut, au minimum démembrer ces entreprises, au maximum les privatiser pour leur ôter leur capacité de nuire].
2. Derrière les entreprises publiques, d’autres entités sont visées : les syndicats, et spécialement la C.G.T. L’idée qui est diffusée est que ces syndicats, loin de répondre à leur vocation originelle (qui est de défendre les salariés), sont au contraire de grosses machines parasites, qui pompent les cotisations (et les subventions) pour vivres comme des satrapes. Il s’ajoute même à cette idée de parasitisme celle de mafia puisqu’il y est question d’omerta (la loi du silence de la mafia) qui terroriserait jusqu’aux pouvoirs publics et aux partis de droite. [D’où l’idée que les syndicats sont des pieuvres, des vampires, et pas seulement dans les services publics].
3. Pourquoi ce sujet, traité ainsi, suscite-t-il une impression de fausseté ? Fausseté dans le sens où, derrière le scandale dénoncé, on pressent qu’autre chose est visé, que l’on jette le bébé avec l’eau du bain. Parce qu’il vient après des semaines d’autres journaux télévisés où il fut question de fraudes à la Sécurité sociale, de fraudes aux allocations-chômage ou au R.S.A., suggérant – plus qu’à demi-mot – que ce qu’il fallait, ce n’était pas tant remédier à ces fraudes que de carrément supprimer la Sécurité sociale, les allocations-chômage et le R.S.A.
Philippe Arnaud

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