vendredi 6 janvier 2012

TVA sociale ou suicide électoral ?


On l’avait un peu oublié, mais à quelques encablures de l’arrivée, voilà que notre “sale mec”® se remet, comme au début de son quinquennat cataclysmique, à sortir une nouvelle
connerie
réforme par jour.
Le but est le même : saturer l’espace médiatique, contrôler les journalistes en dictant l’ordre du jour (des fois qu’ils iraient reluquer du côté de Karachi en passant par le Luxembourg, par exemple), empêcher toute réflexion sérieuse sur un quelconque sujet, et faire croire au peuple qu’on s’active pendant que les autres causent.
Mais il y a sûrement autre chose. Pourquoi ressortir aujourd’hui cette “TVA sociale”, alors que la seule évocation de son nom avait déjà fait perdre 60 sièges de députés à l’UMP ? Je vois deux explications.
- La panique. Constatant l’imminence et l’inéluctabilité de la branlée, il tente toutes les manœuvres les plus désespérées et les plus irrationnelles. On voit souvent ça dans les matches de foot, quand à quelques minutes de la fin, l’équipe en position d’être éliminée (sauf si elle a été payée pour perdre, évidemment) fait carrément monter son gardien de but dans la surface de réparation adverse sur un corner. C’est n’importe quoi, mais ça peut provoquer un miracle.
- L’exécution froide d’un contrat. Sarkozy n’est manifestement que l’instrument du patronat et des grandes fortunes, et il n’a été mis en place que pour servir leurs intérêts. Il profite donc de ses derniers instants pour honorer des promesses faites au Fouquet’s. Un peu comme un terroriste cerné par les flics et qui balance quand même sa bombe car c’est pour ça qu’il a été programmé.

Bon, alors une TVA “sociale”, comment ça marche ?
En préambule, précisons que le qualificatif “sociale” accolé à l’acronyme TVA est une escroquerie intellectuelle. C’est un peu comme les habitants de Metz qui croient que leur nouveau bus, alias “Mettis”, sera propre car la propagande répète partout qu’il circulera “en site propre”. Alors qu’il sera propulsé par un diesel puant. Ou comme les libéraux qui jouent sur le mot “liberté” (qui n’est en fait que celle du renard dans le poulailler).
Le principe est simple. D’abord on augmente la TVA. Ensuite, on baisse les
charges
COTISATIONS sociales, soit celles des employeurs, soit celles des salariés.
En lisant ici ou là, je comprends que le premier projet du gouvernement, qui était un copié/collé de celui du MEDEF (il ne se trouvera plus personne pour s’en étonner) ne faisait baisser que les cotisations patronales. Le but théorique étant de faire baisser le coût de la main d’œuvre pour la rendre plus compétitive.
En pratique, c’est plus brutal : la société augmente mécaniquement son bénéfice, l’actionnaire s’en met plein les fouilles, et pour ce qui est de la compétitivité, c’est pas quelques pouièmes qui changeront quoi que ce soit quand il existe des pays où le coût de l’esclavage est plus de 10 fois inférieur à ce qu’il est ici.
La clique des perroquets sarkozystes a pour consigne d’éviter l’expression “TVA sociale”, en souvenir d’une douleur sphinctérienne cuisante, et mettre en avant le terme “TVA antidélocalisations”. C’est grotesque ! Pourquoi pas “TVA antipédophilie”, tant qu’on y est…
La TVA est aveugle, et frappe indifféremment les produits français comme étrangers, ce qui rend l’expression “TVA anti-délocalisation” complètement débile. De la propagande, de la vaseline.
Il existe pourtant une solution évidente pour taxer les produits qui ne respectent pas les plus élémentaires principes sociaux et environnementaux, en épargnant les autres : ça s’appelle le protectionnisme. Seulement, c’est désormais un gros mot, et en plus c’est impossible puisque la quasi-totalité de la classe politique a voté des traités européens qui l’interdisent et ont  organisé leur propre impuissance
Devant la fronde qui se lève, il semblerait que le dernier projet gouvernemental fasse aussi baisser (mais bien moins, évidemment) les cotisations salariales, le but étant principalement de se vanter sur le mode “vous voyez, on augmente les salaires et donc le pouvoir d’achat”. Défense de pouffer.
Dans tous les cas, une chose est sûre : la TVA va bien augmenter. Et méchamment, en plus, c’est qu’il y a plusieurs dizaines de milliards (on parle de 40) à compenser. La hausse sera donc de plusieurs points, probablement au moins 4 ! Et sur toutes les tranches. Celle à 2.1% (qui concerne la presse, secteur en péril…) passerait à 4. Celle à 5.5 passerait à 9. Celle à 7 passerait à 12. Et celle à 19.6 à 23 ou 24.
Conséquence évidente : tous les prix vont augmenter ! Tous ! Et pas qu’un peu ! Environ 2 années d’inflation d’un seul coup.
Même si les salariés récupèrent une aumône sur leur fiche de salaire, cela ne compensera évidemment pas la hausse des prix.
Car les plus touchés seront évidemment les non-salariés, les chômeurs, les retraités, les précaires, les résignés des mornes rayons du hard discount. Chacun sait que la TVA est un impôt qui frappe sans discernement. Chacun sait aussi que lorsqu’on gagne moins de 1000 euros par mois, on ne “défiscalise” pas sa fortune dans les paradis fiscaux, mais on la dépense jusqu’au dernier centime, en les comptant scrupuleusement, les centimes. Il subiront pourtant une méchante augmentation des prix sans avoir la moindre compensation. Ne pas travailler pour gagner encore moins…
On résume : on prend dans la poche des pauvres, et on donne aux actionnaires. Que du classique, en somme.
Et gare au double effet ! Puisque cette hausse de TVA, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne, n’est pas consacrée au “remboursement de la dette”, alors que Sarkozy compte bien la rembourser en intégralité, cette dette, intérêts usuraires compris, il faudra encore trouver d’autres “réformes”, retourner encore les poches de citoyens, pour satisfaire les banksters insatiables.
Pas étonnant dans ces conditions que cette idée soit unanimement rejetée. Par la population, évidemment, même si elle ne réalise pas encore ce qui l’attend… Par les salariés, les syndicats. Par les partis de la Vraie Gauche. Et même par le parti “socialiste”, qui saute là évidemment sur l’aubaine électorale, alors que bon nombre de ses dirigeants y étaient favorables, dans le sillage de DSK, dont c’était l’un des dadas. Cas le plus comique : Manuel Valls qui, fidèle de la “gauche de droite”, était pour. Mais qui en quelques jours a tourné sa veste, pour faire comme Flanby…
Marine Le Pen aussi est contre, et la qualifie fort pertinemment de “TVA patronale”. Ben oui, désolé, je suis encore d’accord avec elle.
Curieusement, l’un des plus vachards est de droite. Extrêmement de droite, même. L’hypralibéral Madelin, ex-UMP reconverti dans la finance (évidemment) se lâche  et pulvérise le projet.
A l’UMP au contraire, tout le monde est obligé d’être pour. Même Xavier Bertrand, qui était contre. D’ailleurs, dire tout et son contraire, c’est sa spécialité, à Xavier Bertrand. Mais qui mieux que Nadine Morano pour faire la promo de cette ultime (?) saloperie ? Elle est parfaite dans ce rôle, jusqu’à la caricature. Défendant l’indéfendable avec la mauvaise foi et l’obstination qui la caractérisent.
Et puis Nadine Morano est dans son rôle, dans la droite ligne de ce qu’elle fait depuis des années pour son mètre à penser. Mettant en avant ses origines modestes et “populaires”, elle est chargée de promouvoir auprès des pauvres la politique que son patron met en place au profit exclusif de ses amis les riches. Un peu comme un crocodile corrompu qui reviendrait en voiture avec chauffeur au bord de son marigot natal et hélerait ses compatriotes avec des accents de poissonnière mal fagotée pour les convaincre de la bonté du maroquinier… Après tout elle a déjà vendu le bouclier fiscal, la visite de Kadhafi à Paris, ou Jean Sarkozy à l’Epad, alors…
En attendant c’est un suicide électoral. Car si le bouclier fiscal, ou même la dette de 1700 milliards, c’était encore abstrait, une telle hausse des prix est un chiffon rouge, surtout de la part du “Président du pouvoir d’achat (des riches)”. Le jour de la mise en place effective de cette pure saloperie, Sarkozy et Morano auront intérêt à rester bien cachés…

ource: Blog SuperNo

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