samedi 3 mars 2012

Le vote


Paris ! Le Paris qui vote, la cohue, le peuple souverain tous
les quatre ans… Le peuple suffisamment nigaud pour croire
que la souveraineté consiste à se nommer des maîtres.
Comme parqués devant les mairies, c’était des troupeaux
d’électeurs, des hébétés, des fétichistes qui tenaient le petit
bulletin par lequel ils disent : J’abdique.
[…]
Additionnez les bulletins blancs et comptez les bulletins
nuls, ajoutez-y les abstentions, voix et silences qui
normalement se réunissent pour signifier ou le dégoût ou le
mépris. Un peu de statistique s’il vous plaît, et vous
constaterez facilement que, dans toutes les circonscriptions,
le monsieur proclamé frauduleusement député n’a pas le
quart des suffrages. De là, pour les besoins de la cause,
cette locution imbécile : Majorité relative — autant vaudrait
dire que, la nuit, il fait jour relativement.
Aussi bien l’incohérent, le brutal Suffrage Universel qui ne
repose que sur le nombre — et n’a pas même pour lui le
nombre — périra dans le ridicule.
Zo d'Axa, LES FEUILLES, IL EST ÉLU (1900).

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