jeudi 8 mars 2012

Ce romancier, essayiste, auteur dramatique, scénariste vient de décéder. Il semble que les médias toxiques aient décidé de passer sous silence pourquoi ce Belge a fui son pays en 1944. Le Monde, Le Parisien  et Le Point.fr écrivent pudiquement qu’il « s’est exilé en France ». Le Figaro est plus romantique : « À la Libération, les reproches fuseront de toutes parts et le jeune journaliste se verra contraint de s’exiler » laissant entendre que ces « reproches » concernent son emploi à la radio belge jusqu’en 1942. Même interprétation sur France Inter. Pas un mot sur ce passé belge sur RFI ou dans Paris-Match. Libération reprend les explications fournies par l’intéressé lui-même dans son livre de mémoires intitulé Les années courtes publié en 1968. Seule la critique littéraire Armelle Héliot fournit quelques informations moins flatteuses sur son blog.
La réalité mérite quand même d’être rappelée. Si Marceau (qui s’appellait alors Carette) a quitté la radio belge en 1942, c’est parce qu’il avait une autre activité : collaborer avec l’ennemi. Très proche de Rex, le parti fasciste présidé par Léon Degrelle (dont on a dit qu’il était « le fils qu’Hitler aurait aimé avoir » !), Carette-Marceau s’est illustré par ses activités antisémites et pronazies qui lui ont valu, en  janvier et octobre 1946, d’être condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés par le Conseil de guerre de Bruxelles et d’être déchu de sa nationalité. Voilà pourquoi il avait fui la Belgique dès la libération du pays. Voilà pourquoi, après s’être caché en Italie, il est arrivé sous un nouveau nom en France et a obtenu la nationalité française en 1959.
Par la suite, il a indiqué qu’on lui reprochait quatre émissions à la radio belge favorables au IIIe Reich et présenté cela comme une « connerie » de jeunesse (il a 27 ans en 1940). De cette version très édulcorée, l’Académie française s’est contentée, préférant ne voir que le talent d’un écrivain. Aucun journal n’a indiqué que la nomination de Marceau à l’Académie française en 1975 a provoqué la protestation du poète, ancien résistant et académicien Pierre Emmanuel qui a démissionné.
Nous vivons des temps où certains veulent réhabiliter des collabos comme l’industriel Renault ou comme l’écrivain Brasillach. D’aucuns pensent qu’il faut séparer l’auteur de son œuvre et ne retenir que cette dernière. Comme si un artiste n’était pas imprégné de son vécu dans l’expression de son art ! Comme si un écrivain n’était pas d’abord un citoyen comptable de ses actes ! On ne peut pas en même temps appeler les jeunes générations au devoir de mémoire pour les crimes de masse commis par les nazis et oublier sinon réhabiliter ceux qui ont collaboré avec eux.

Source: Raoul Marc JENNAR

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