dimanche 22 avril 2012

Derniers énervements d’avant présidentielle


Une chose est sûre : il est temps que ça se termine. Alors que le premier tour a lieu demain, que la large victoire de Hollande au soir du 6 mai est considérée comme acquise par tous les observateurs objectifs (une espèce fort difficile à trouver en ce moment), le battage médiatique et le délire de la propagande partisane se poursuit, suscitant chez moi une exaspération croissante.

J’ai dit que j’allais voter pour Mélenchon au premier tour. Mais cela n’empêche pas que les supporters du Front de Gauche m’énervent sérieusement !

Le côté fan à deux balles, c’est pas seulement chez les groupies de chanteurs mièvres… Quant à l’intox et au pipeau, ils ne sont hélas pas réservés à la droite. Par exemple, on voit de plus en plus passer de “Sondages DCRI” ou autres foutaises qui ont un point commun : ils donnent tous l’espoir de voir Mélenchon au deuxième tour. Colportés de Facebook en Twitter sans la moindre distance et avec l’absence totale de sens critique qui caractérise les militants les plus enthousiastes, ils donnent de faux espoirs aux naïfs.
Je ne fais naturellement aucune confiance aux sondages “officiels”. Je l’ai déjà dit, les sondeurs peuvent “redresser” les résultats bruts comme ils l’entendent, sans rendre de compte à personne, ce qui autorise bien sûr tous les bidouillages… J’ai dit aussi que la hauteur du score de Sarkozy au premier tour me paraissait suspecte comparée à ses 31% de 2007. Un score autour de 20%, 25 maximum, serait plus logique. (A côté de ça, le dernier sondage IFOP-Parisot continue à placer Sarkozy en tête avec 28%…). Je ne crois pas pour autant une seconde à la présence de Mélenchon au second tour.  Il n’y a pas besoin d’être un grand politologue (quel métier ! on s’inscrit où ?) pour comprendre qu’une baisse de Sarkozy profiterait essentiellement à Le Pen et inversement…
Si vous êtes convaincu que Mélenchon est LE candidat, allez voter pour lui, essayez de convaincre les autres avec des arguments objectifs (et il y en a !), mais une chose est sûre : il est inutile et contre-productif d’aller inventer du sondage DCRI-Pipo qui donne Mélenchon au coude à coude avec Hollande et  Sarkozy.
Autre sujet d’énervement, le but qui semble majeur chez Mélenchon de finir à tout prix devant Le Pen. C’est lui accorder bien trop d’importance ! Le FHaine, c’est un furoncle de la démocratie. Si les politiciens étaient honnêtes, compétents et représentatifs, le furoncle aurait disparu de lui-même depuis longtemps…
Cela pose tout de même une question. Si certains supporters de Mélenchon sont capables de faire de l’intox et du mensonge à deux balles, dans l’hypothèse, pour l’instant fort improbable, où il arriverait au pouvoir, cela signifie-t-il qu’il serait encadré par une clique malhonnête aussi douée que l’UMP pour la magouille et la propagande ? Ce n’est pas ma conception de la “révolution citoyenne”.
Autre chose : des rumeurs confirmées par “Le Canard” de la semaine évoquent des négociations entre le PCF et le P”S” pour court-circuiter Mélenchon au sujet de la présence de ministres FDG (entendez PCF) au futur désormais quasi certain gouvernement Hollande, et surtout de l’attribution de circonscriptions à des candidats PCF.
De mon modeste point de vue, participer à un gouvernement Hollande après avoir défendu le programme de Mélenchon rabaisserait ceux qui joueraient à ce jeu au niveau des Dati, Yade, Morin, Borloo, Boutin, Amara, Hirsch ou Lepage… Des girouettes méprisables qui brandissent de prétendues idées ou convictions, mais qui placées devant la réalité, prouvent à la terre entière que seule la bonne odeur de la soupe les motive.
Depuis les années 80, on sait aussi que l’avidité ministérielle du PCF n’est pas un vain mot…Il conviendrait de leur rafraîchir la mémoire…
En 2007, Madame Buffet avait obtenu 1.93% des voix. Aujourd’hui, on leur en promet environ 15%, ils ne faudrait pas qu’ils oublient à qui ils doivent la différence…

Autre sujet d’énervement : les meetings.

Marre des meetings et des zorateurs, et de cette surenchère ridicule dans la démesure numérique (souvent sans rapport avec la réalité, cf Sarkozy à la Concorde) et dans le verbe. Mélenchon a parfaitement utilisé les images de son impressionnant meeting de la Bastille pour accentuer sa notoriété et gratter 5% dans les sondages. Mais il conviendrait de relativiser l’importance de ces barnums… Pour les communistes et les CGTistes qui fournissent l’essentiel de la logistique mélenchonnesque, et sont rodées aux imposants défilés protestataires, c’est davantage de la routine qu’un exploit. Quant à son indéniable talent oratoire, comme tous les talents oratoires, il faut s’en méfier comme de la peste. Chacun sait depuis Mirabeau qu’on attrape les électeurs comme les lapins, par les oreilles. Le fait de tonner, avec force trémolos dans la voix, bien aidé par une sono démentielle, des grands mots creux comme “République”, “Démocratie”, “Peuple”, ou “Révolution”, dans l’ambiance survoltée d’une foule en transe, ne transforme pas ipso facto son auteur en dieu vivant, et ne dispense surtout pas l’électeur de lire le programme, ni même de s’interroger sur sa capacité et sa volonté de le mettre en œuvre. Et ce n’est évidemment pas spécifique à Mélenchon. Ca devient même carrément grotesque dans le cas de Hollande, qui tente de prendre des accents de Jaurès avec les idées de Chirac ou de Bayrou…
Quant à Sarkozy, que dire ? Juché devant des dizaines de milliers d’andouilles, pour la plupart des vieux auxquels l’UMP locale a offert un voyage en bus à la capitale et un drapeau en plastique ; citant Hugo, Racine, Zola, Péguy, Chateaubriand et même Malaparte (!), écrivains dont Carla lui a fait apprendre par cœur le nom la veille, et qui du fond de leur tombe devaient se demander ce qu’ils foutaient là. Tout ça pour masquer un bilan apocalyptique, un ratage total dans tous les domaines, des mensonges permanents, et des affaires qui le rattrapent à grand pas… D’ailleurs, il suffit de lire la page 2 du Canard cette semaine pour constater le ridicule de cette mise en scène : Sarkozy et tout son entourage savent qu’ils ont déjà perdu. Ultime mensonge et démenti du “j’ai changé”, la présence des donateurs pétés de thunes du “premier cercle” de l’UMP qui attendaient le meeting du “candidat du peuple” (arf !) au Crillon… Avec, cerise sur le gâteau, la nuit des Balkany, ces honteux parasites de la République dont nous avons payé les dizaines de voyages autour du monde sans savoir à quel titre il accompagnait Sarko, dans la suite la plus chère du palace, 9500 euros la nuit…
Comme je l’ai déjà dit, peu importe les foules dans les meetings : si denses soient-elles, elles ne constituent de toute façon qu’un pouième de l’électorat. Et les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Encore une raison de s’énerver : Les résultats anticipés sur Twitter.

Voilà un truc qui est en train de devenir un marronnier à floraison électorale… Cette fois, ça prend des proportions démesurées… Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! La face du monde, et même celle de l’élection, va-t-elle être changée parce que des gros malins vont annoncer vers 18h30, soit 30 minutes APRES la fermeture de la plupart des bureaux de vote, des résultats approximatifs, qu’il va falloir aller débusquer parmi des tonnes de pipeau ? Pensez-vous sérieusement que vers 18h30, tous les pensionnaires des maisons de retraite, scotchés sur Twitter, et apprenant soudainement la branlée sarkozyste (quel scoop ! Ça fait juste quatre ans et demi qu’elle est annoncée !), vont se lever d’un bond, et se précipiter de toute la vitesse de leur déambulateur vers leur bureau de vote (à condition qu’il soit dans une grande ville sinon c’est déjà râpé) pour tenter désespérément de sauver la patrie de l’invasion des hordes de bolchéviques et de métèques ?
Vous voulez que je vous les annonce, les résultats, un jour à l’avance ? Ce sera Sarkozy contre Hollande, parce qu’il en a été décidé ainsi par les médias aux ordres depuis plus d’un an.
Que des gros malins tentent ainsi de générer du trafic frelaté sur leur site pour toucher des revenus publicitaires, ou tout simplement pour se la péter auprès de leurs potes blogueurs, les motivations de ces tricheurs sont misérables. Mais surtout parfaitement vaines. Que pèse cette “tricherie” face à la partialité totale du traitement médiatique entre les candidats désignés (comme Sarkozy et Hollande) et les “petits” ? C’est plutôt contre cette tricherie qu’il faudrait se battre.

Un dernier coup de gueule pour quelques camarades blogueurs de “gauche”.

Aveuglés par leur haine (que je partage pleinement) de Sarkozy et sa clique, qu’ils conchient quasi-quotidiennement depuis cinq ans, et dont ils ont décrypté, souvent avec talent, toutes les magouilles, certains d’entre eux ont curieusement décidé de faire allégeance à Hollande, et surtout d’assurer une propagande ridicule assez peu différente au fond de celle des “jeunes pops”, squattant son QG, et reprenant à leur compte le discours électoral lénifiant et infiniment creux du prétendu “socialiste”.
Qu’on ne se méprenne pas : je comprends fort bien, même si elle me désespère, la théorie du “voter contre”, qui consiste à se servir du bulletin Hollande comme d’une arme contre le retour de l’ignoble Sarkozy, l’ennemi commun qui nous a fédérés pendant ces cinq ans. Hollande devra rester modeste, s’il est élu le 6 mai, ce sera bien davantage avec les voix de ceux qui ont voté contre Sarkozy qu’avec celles de ceux qui l’ont sincèrement soutenu. Après tout, nous avons tous ou presque enfilé nos masques à gaz et nos gants mapa en 2002 pour glisser dans l’urne un bulletin Chirac pour éloigner l’infâme Le Pen d’une pourtant très hypothétique accession au pouvoir. Résultat, nous avons offert à Chirac, dont les “idées” sont après tout proches de celle de Hollande (il va même voter pour lui…) un plébiscite parfaitement immérité, qu’il nous a d’ailleurs fait amèrement regretter par la suite.
Il y a donc deux manières de voter Hollande : en ayant honte, ou en étant fier. Et ce sont les membres de cette seconde catégorie que je m’étonne de trouver si nombreux dans la blogosphère dite “de gauche”. Il leur a promis des postes, ou quoi ? Je sais bien que le blog ne nourrit pas son homme, mais quand même… Ils ont oublié les trahisons à répétition depuis près de 30 ans ? Les privatisations ? La complicité avec Sarkozy sur le référendum de 2005 puis le traité de Lisbonne ? Le M.E.S ? Son obsession maladive de la “croissance” et sa cécité face au Peak Everything ?
Le problème, c’est que le désastre de la présidence Hollande est déjà annoncé. La campagne avait un peu éclipsé les agences de notation, le Triple A, Merkel, le FMI, la BCE, la Commission, la Grèce, l’Italie, l’Espagne…Tout ça va revenir au grand galop ! Sans la moindre volonté de se sortir du carcan financier, Hollande va dès le 7 mai se trouver sous la pression des banksters, et va bien sûr être obligé de se coucher, et d’enserrer la France dans un étau de “mesures d’austérité” qui devraient au bout de quelques mois conduire sa cote de popularité en dessous de celle de Sarkozy…
Que vont-ils faire, alors ? Se taire piteusement ? Ou au contraire nier l’évidence, se muer en Pravda, en Figaro de gauche et continuer à encenser l’injustifiable ? Ou encore tourner leur veste dans le sens des successeurs de Sarkozy à l’UMP, les Copé ou les NKM ? Certains seront-ils assez humbles pour reconnaître leur erreur de jugement ?
Il est effectivement temps que ça se termine. Le problème, c’est que ce ne sera pas une fin. Ce blog, comme beaucoup d’autres, est né de mon indignation (ce mot si galvaudé que Stéphane Hessel a totalement dévalué en soutenant DSK, puis maintenant Hollande) lors de la campagne de 2007.
Son carburant principal depuis ce soir funeste du 6 mai 2007 a été Sarkozy, sa vie, son œuvre. J’ai du mal à croire que, même pulvérisé, Sarkozy disparaîtra de la scène, pour aller en silence accomplir son rêve : “faire du fric chez Bouygues”.
Mais je n’ai pas de doute que son remplaçant, avec ses renoncements et trahisons annoncés, ses amis les DSKolâtres, la gauche caviar, les affairistes, puisse fournir de bons sujets d’indignation, bien réelle et pas dévaluée. Sans oublier la probable guerre de succession entre les sommités de  l’UMP, promesse de gros niveau…
Je crains hélas que vous ne soyez pas encore débarrassés de moi !

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