Pour la première fois de toute leur histoire, les deux tiers environ de ces électeurs ont envoyé dinguer les deux partis institutionnels que sont la Démocratie chrétienne (droite) et le PASOK (socialiste).

Un camouflet résolument de gauche

Et, n’en déplaise à nos médias du microcosme qui se repaissent évidemment de la seule émergence des crétins nazillons de l’Aube dorée (6,97 %) au parlement d’Athènes, c’est bien la gauche radicale qui a créé la sensation.
Là encore, les éternels pinailleurs de cheveux en quatre feront valoir que cette gauche-là est bien divisée, souvent opposée, patati, patata… Il n’empêche !
  • Un parti émerge largement du lot, la coalition Syriza (16,77 % , partenaire de notre Front de gauche, qui se glisse en deuxième position, entre la Nouvelle démocratie (18,87 %) et le PASOK (13,19 %).

  • Les deux partis institutionnels n’ont même plus la majorité absolue à eux deux (149 élus quand il en faudrait 151).

  • Les électeurs grecs ont mouché en un seul tour de scrutin, et leur propre microcosme, et les voyous de la Troïka financière.
Voici, pour les pointilleux, les résultats définitifs sur 99,42 % des bureaux de vote arrêtés au lundi 7 à midi (piqués chez Jorion) :
PartisSiègesPourcentage
  Nouvelle démocratie (droite)10818,87 %
 SYRIZA (gauche radicale)5216,77 %
PASOK (P.S.)4113,19%
 Grecs indépendants (droite)3310,60%
 KKE (P.C.)268,48 %
Aube dorée (extrême droite)216,97 %
 Gauche démocratique196,10 %
LAOS (extrême droite)
2,93 %
Mouvement écologiste
2,90 %
 Alliance démocratique (droite)
2,56 %

Les leçons de l’histoire

Quelles leçons tirées de cette édifiante histoire grecque en forme de début de révolution par les urnes dans un pays européen ?
D’abord celle-ci : l’élite microcosmique hellène, mais aussi la nôtre, sont si estomaquées par ce camouflet fait à leur omnipotence omnisciente qu’elles ne nous donnent plus — réflexe probablement d’autodéfense — que le résultat cumulé de leurs deux formations déchues : en gros, UMPS grecque = 32,06 % des suffrages, 149 élus, point !
Et d’insister en parlant sans pudeur de coalition au pouvoir, ce qui en dit long sur le degré de connivence de ces formations prétendument opposées, l’une de droite, l’autre de gauche convenable.
Du déchet dans la révolte (nazillons, communistes grecs staliniens…) ? Hé bé oui, c’est comme ça quand on joue avec le feu du chaos social. Aucun “vote utile” n’y peut rien. Quand ça pète, ça ne pète pas forcément propre.
Car il est ici une nouvelle fois démontré qu’il lui faut vraiment toucher le fond pour qu’un peuple se rebiffe. Au vu des résultats de notre propre présidentielle, ce n’est apparemment pas encore le cas du nôtre. Mais ça va venir !
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DERNIÈRE MINUTE (lundi soir 7 mai)  : Antony Samaras, leader des conservateurs arrivés en tête, vient de renoncer à former un gouvernement de coalition. Le président Korolios Papoulias vient donc de confier cette tâche… à Alexis Tsipras, chef de file de la gauche radicale. Qui confirme sa volonté de rejeter les « mesures barbares » liées à l’accord sur le remboursement de la dette !