Les traîtres, les incapables et les commentateurs

FRANÇOIS HOLLANDE DÉCORE PASCAL LAMY
A peine rentré de vacances espagnoles qui faute de mieux m’ont gentiment requinqué, me voilà replongé dans la politique de merde, ce brouet malodorant dans lequel nous croupissons, pour la satisfaction apparente du plus grand nombre.
Imaginez un peu : à peine débarqué sur le sol français et rebranché la radio, le premier contact avec mon pays a été la voix horripilante de Jean-François Copé lancé dans une diatribe surréaliste et par ailleurs dénuée de tout intérêt sur, si j’ai bien compris, un “droit d’inventaire” de l’épouvantable quinquennat sarkozyste.
Franchement, qu’est-ce qu’on en a à branler des petites phrases de cet enfoiré boursouflé d’ambition malsaine, dont n’importe quel demeuré devrait voir que chacune de ses actions ou déclarations n’est que stratagème à deux balles destiné à servir son hypothétique et surréaliste dessein présidentiel autofantasmé de 2017 ? Sur quoi pourrait être basée cette ambition grotesque, c’est bien la question principale, mais manifestement, pas un de ces journalistes encartés ne se la pose, acceptant pour acquis que ce pauvre type puisse avoir la moindre importance, lui qui s’est surtout rendu célèbre par son appât du gain, son mépris des pauvres (dont il convoite pourtant les suffrages avec avidité), sa proximité aquatique avec un escroc international notoire et une manière éhontée de truquer des élections internes que ne renieraient pas Georges Bush, Jean Tibéri et Martine Aubry réunis ?
Quelques jours plus tard, le même Copé, en bras de chemise devant des militants lobotomisés, reprend l’éternelle antienne démago-libérale qui a permis à tant de crétins d’accéder aux micros et au pouvoir : “il faut baisser les impôts”. Et comme par définition Copé, grand complice du pillage du monde par la finance, ne remet pas en cause le déversement à coup de centaines de milliards de la richesse de la France dans les caisses sans fond des banksters, c’est qu’il considère, comme tout bon ultralibéral, que l’argent qui ne rentrerait pas en impôt devrait alors être compensé en nature, ce que l’on appelle généralement “faire des économies budgétaires”, et qui ne consiste en rien d’autre qu’en la casse de tout ce qui peut servir aux pauvres (que Copé et sa clique qualifient alors généralement “d’assistés”), comme les Services Publics, les retraites ou les prestations sociales.
Oui, elle est trop longue cette phrase. Je résume donc : Copé veut que les pauvres votent pour lui, mais renoncent à tous leurs avantages pour payer le racket des banksters, pendant que lui et ses amis les riches s’en mettraient encore plus dans les fouilles.
Et à part Copé ? Quelques apparitions du falot Ayrault, ce type sans envergure dont on se demande bien ce qu’il fout là, et dont le principal objectif est de donner son nom à un aéroport inutile qu’il prétend installer dans son bled. D’ailleurs j’ai déjà oublié ce qu’il disait. On s’en tape, d’ailleurs.
Celui qui crève l’écran, par contre, c’est Valls ! Si ce n’était pas clair pour tout le monde, ça y est, les médias ont choisi leur poulain. Une fois Hollandréou poubellisé, le représentant de la “gauche” (il fallait déjà des guillemets pour Hollandréou, combien en faudra-t-il pour Valls ?) choisi à notre place par les médias, c’est Valls ! Facile, c’est juste un clone de Sarkozy. Même petite taille, même arrogance insupportable, mêmes ficelles politiques énormes, mêmes sujets de prédilection, mêmes opinions… Il paraît même que les deux mentors de Valls sont le “criminologue” franc-maçon Bauer (qui fut aussi le mentor de… Sarkozy) et le pubard grotesque Fouks, qui fit sombrer Jospin et DSK avant de conseiller… Cahuzac. Sacrées références… Sempiternelles diatribes contre les Roms, gueguerre orchestrée avec Christiane Taubira (“y’en a un qui coupe les oignons et l’autre qui pleure”), aboiements et claquements de bottes contre la délinquance (qui comme sous Sarkozy ne fait qu’augmenter, ce qui suffit à démontrer l’efficacité des susdits aboiements).
Désespérant.
Quoi d’autre ? Rien. Ou presque. Ah si, tiens, à gauche, chez les gens dont on pourrait pourtant croire qu’ils pourraient changer le système, ce n’est guère mieux : les communistes (et leur potentiel électoral de 2% sans Mélenchon), par l’odeur de la soupe municipale alléchés, ont entamé le processus de retour à la niche du P”S”, qui passe par la trahison de Mélenchon et de son “Parti de Gauche”. Ce ne devrait être une surprise pour personne, en tout cas pas pour moi qui l’ai déjà annoncé, mais voilà, c’est parti. Et ça va faire se délecter les médias qui adorent ces bisbilles et ces duels.
D’autant que Mélenchon, malgré les baffes électorales, ne daigne pas décoller de son ridicule et obsessionnel duel de cour de récré avec Marine Le Pen. Duel perdu d’avance, au passage. Si Le Pen progresse, c’est que les politicards au pouvoir, ceux qui y aspirent, et les journalistes qui commentent et accréditent leurs billevesées traitent par le mépris tous ceux qui protestent contre cette Europe antidémocratique et affameuse du peuple, contre ces institutions internationales prédatrices et vendues aux puissants, contre ces banksters et ces multinationales qui se gavent de la situation qu’ils imposent.
Le Pen ne pense pas un mot de ce qu’elle dit en matière économique, mais quand elle dit, seule ou presque, qu’il faut sortir de cette Europe et ne pas se laisser piller par les banksters, elle a raison. Que disent les journalistes : “Vous dites la même chose que Mélenchon”. Et à Mélenchon : “Vous dites la même chose que Le Pen”. Et de s’en retourner lécher le cul de Moscovici ou de Gattaz.
Cela ne fait pas de moi un lepéniste, mais cela me fait enrager contre les incapables vendus qui se partagent tour à tour le pouvoir, et qui vont finir par nous faire avoir Le Pen pour de bon.
Le seul moyen de venir à bout de Le Pen, ce serait de remplacer nos professionnels de la politique, insolents, incompétents et corrompus, par de véritables représentants honnêtes, qui restaureraient notre indépendance vis-à-vis des confiscateurs de la démocratie que sont la Troïka ou l’OMC, et qui lutteraient autrement que par le blabla contre le chômage ou l’insécurité. Autant de sujets dont les politicards professionnels se foutent éperdument, puisque seuls les attributs de leur apparent pouvoir les intéressent.
Oui, apparent, puisque ces mêmes politicard ont abdiqué le leur, abdiqué la souveraineté des États, au profit d’entités supranationales gérées de manière obscure et où la démocratie n’a pas sa place.
Que dirait-on d’un politicard qui prétendrait vouloir lutter contre la délinquance alors qu’il donne en réalité aux banksters les crédits qui devraient être affectés à l’éducation ou à la police ? Tout en se proclamant l’ennemi de la finance quand il s’agit de se faire élire en donnant l’image d’un mec de gauche ?
Bref, ce sempiternel cirque médiatico-politique, aussi ridicule que désespérant, sert-il à autre chose qu’à faire causer les couillons, et à procurer un train de vie confortable à ses acteurs et commentateurs principaux ?
Bien sûr que non.
L’essentiel est ailleurs, là où les éditorialistes au train de vie confortable ne regardent jamais.
En fouillant à la recherche de matériel à traduire, je suis tombé sur ça (et sur le cul par la même occasion) : un court article du journaliste Greg Palast, un type qui ne fait pourtant, sur le papier, que le même boulot qu’un Joffrin ou un Pujadas.
Si vous n’avez pas le courage d’aller en lire la traduction sur banksters.fr, je vous en fais un bref résumé : confirmant les pires théories conspirationnistes, un document à l’authenticité certaine montre que les banksters ont ourdi un complot contre les peuples en utilisant l’OMC pour déréglementer de force le secteur bancaire dont les conneries ont précipité la plupart des pays du monde dans la ruine. Avant d’installer leur marionnette Obama à la tête de leur pays pour garantir leur impunité et la poursuite de leurs saloperies. Certes, on savait tout cela, mais avec les preuves, c’est encore mieux. Quand Pujadas fait mine de se demander s’il vaut mieux augmenter en douce les impôts comme le fait Hollandréou, ou bien massacrer ce qui reste de secteur public et de prestations sociales comme le propose Copé, il ne fait aucun lien avec ce complot, et ne signale d’ailleurs jamais que cette dette qui nous écrase, largement issue de ce complot, est certainement indue pour la plus grande part.
Quant à ceux qui traitent Hollandréou de traître (tare étayée et aggravée par la tonalité qu’il avait donnée à sa campagne électorale en proclamant scandaleusement que la finance était son ennemi, déclaration mensongère qui n’a sans doute pas été pour rien dans le gauchissement de son image et dans son élection) et Obama de Marionnette des banksters (lire aussi ceci), ce ne sont pas simplement des conspirationnistes, objet du mépris des journalistes “importants” (les mêmes qui considèrent que Copé pourrait être digne d’intérêt) : les faits montrent que ce sont eux qui ont raison, que les autres ne sont que de pompeux parasites incompétents et surpayés.
Enfin, toute personne qui parlerait d’un complot de banksters (il ne s’agit d’ailleurs pas d’un complot, puisque tout est sur la table) serait immédiatement qualifié de conspirationniste et discrédité. Et s’il insiste, c’est qu’il est forcément antisémite. Revenons donc à des choses sérieuses, comme les analyses des discours de Ayrault sur la transition écologique, de Copé sur la fiscalité ou de Geoffroy Didier sur la géopolitique. Et pourquoi pas de Ribéry sur la poésie de Mallarmé, tant qu’on y est ?
Ah, j’oubliais : ce Pascal Lamy dont il est question dans l’article, ce pape de la mondialisation totale que sa fiche Wikipedia montre grenouillant à Bilderberg, au Siècle ou, plus concrètement, au MEDEF, est bien un “socialiste” français, ouiouiste forcené (ex-commissaire Européen au commerce, il fut comme Hollandréou le disciple de Delors). Mieux, son mandat à l’OMC se termine ces jours-ci, et il se trouve de nombreux “journalistes” pour pronostiquer (et souhaiter) qu’une fois le falot Zayrault usé jusqu’à la corde, Hollandréou le vire comme une merde et afin d’entretenir l’illusion quelques mois de plus, le remplace par… Lamy. Pauvre de nous.
Si les choses étaient comme elles devraient être, si les banques étaient restées à leur place au lieu de prendre celle de nos dirigeants, la Grèce, l’Espagne et la plupart des autres pays d’Europe ne seraient pas ruinés, avec un chômage qui grimpe à la verticale, à la merci de banksters implacables. Ces mêmes banksters auraient été jugés pour les forfaits que tout le monde connaît, et croupiraient en prison, au même titre que n’importe quel dealer marseillais ou voleur de poules (ou de cuivre) roumain. Lamy aurait admis ses erreurs funestes et ferait pénitence dans un couvent (il est catholique pratiquant), et on aurait enfin regardé à la loupe cette prétendue dette qui nous ligote, et probablement conclu que dans son immense majorité, elle n’a pas de justification sérieuse.
Car Pujadas et ses semblables sont tout contents de recueillir l’avis de tel ou tel politicard sur le fait qu’il faut ou non payer moins d’impôts, mais personne ne se demande à quoi servent ces impôts, ni si en jeter le produit
par la fenêtredans les coffres des banksters est une bonne idée…
Nous pourrions alors payer nos retraites, nos écoles, notre Sécu, nos hôpitaux, nos fonctionnaires et nos allocs.
Et nos guerres. Comme nous l’avons toujours fait auparavant.
Bon, quand c’est qu’on prend ces éléments de preuve en compte, qu’on réveille les électeurs, que l’on change de constitution, de politique, de politiciens et de journalistes ? 

Merci pour les innombrables messages publics et privés suite à mon dernier billet. Mais merci aussi de ne pas déduire de la parution de ce billet que le blog va recommencer comme avant…