samedi 18 juin 2011

La nécessaire désobéissance à l’Union Européenne

Samedi dernier, le M’PEP, parti politique rassemblant d’anciens membres d’Attac désireux de passer à l’action politique, organisait un colloque passionnant sur l’avenir de l’Union Européenne, avec Emmanuel Todd, Jacques Sapir et Frédéric Lordon. Petit compte-rendu d’une journée passionnante.

Il est forcément réjouissant de voir un autre parti adopter une ligne politique aussi offensive à l’égard de la construction européenne. Le M’PEP de Jacques Nikonoff fait ainsi partie de ceux qui font campagne pour la sortie de la monnaie unique et qui ont également sorti un livre sur le sujet, comme Nicolas Dupont-Aignan, dont « L’arnaque du siècle » en est déjà au 4ème retirage depuis la sortie le 31 mars 2011, signe d’un intérêt évident des citoyens pour ces questions.
Aurélien Bernier, le porte-parole du mouvement a récemment sorti « Désobéissons à l’Union Européenne », appelant carrément à sortir de l’ordre juridique européen, à reconnaître l’inaliénabilité de la souveraineté nationale et à restaurer la primauté du droit national sur le droit européen. En fait, le M’PEP rassemble une gauche qui ne place plus aucun espoir dans l’Union Européenne telle qu’elle existe aujourd’hui et pour laquelle les rêves d’Europe sociale au sein de l’UE sont des chimères.
Il y a donc là un véritable clivage avec le reste de la gauche de la gauche pour qui l’Europe reste une solution. D’ailleurs, plusieurs militants du Front de Gauche étaient présents (de même que du MRC et d’ailleurs). Il faut dire que le parti de Jean-Luc Mélenchon semble hésitant sur ces questions. Même si le dernier programme du PG semble indiquer un virage plus souverainiste, le parti ne semble pas avoir définitivement tranché cette question si importante.
Un festival alter européen
L’après-midi a été consacré aux interventions d’Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Frédéric Lordon, Jacques Nikonoff et Bernard Cassen et aux échanges avec la salle. Les intervenants étaient sur la même longueur d’onde. Ils ont souligné l’impasse absolue dans laquelle se trouve l’Europe aujourd’hui et la crise terminale à venir de l’euro, soulignant que les plans actuels ne font que chèrement gagner du temps et que la monnaie unique fait clairement partie du problème.
Nous avons même eu droit à un mea culpa d’Emmanuel Todd sur son soutien au TCE (pour « maintenir une bonne ambiance entre pays européens »). Très en forme, il a affirmé que l’UE était en voie d’autodestruction et que l’on assistait déjà à un retour des nations, une « envie d’être dans la merde ensemble » ! Pour lui, la fin de l’euro pourrait être une merveilleuse expérience, qui va mettre « l’imagination au pouvoir ». Il en a appelé à dépasser le clivage gauche droite.
Il a reconnu que les questions financières étaient importantes, tout comme Frédéric Lordon a admis que le protectionnisme est un véritable enjeu, mais que ce dernier sujet n’était pas son « avantage comparatif » dans le cadre « de la division du travail ». Jacques Sapir se situait à la croisée des deux intellectuels, ayant synthétisé dans son dernier livre les critiques commerciales et financières de la mondialisation pour en appeler à une « démondialisation » globale.
Ce dernier a pris l’exemple de la fusée Europa, projet européen qui ne fonctionnait pas, qui fut sur les rails quand la France proposa d’en prendre le leadership, ce qui aboutit à la constitution d’Ariane. Jacques Sapir a également souligné que l’Allemagne avait clairement intérêt à abandonner l’euro car si son explosion lui coûtera 2 points de PIB, son maintien imposerait des transferts de l’ordre de 3.5 à 4 points du PIB tous les ans… Bref, l’euro est d’ors et déjà condamné.
L’intérêt de ce colloque était de se projeter dans l’Europe d’après l’euro, une Europe où la France jouera un rôle majeur, une Europe dont l’objectif ne sera pas de sauver cette monnaie artificielle qu’est l’euro mais de protéger les peuples qui la composent et d’investir pour l’avenir.


SORTIR DE L'EUROLIBÉRALISME par Marcogracia

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