mardi 29 novembre 2011

Le devoir de critiquer Hollande

S’il restait encore quelques naïfs pour croire que l’élection de François Hollande en mai 2012 allait changer quelque chose, je suppose que les dernières scories des négociations politicardes entre “Verts” et P”S” auront achevé de les édifier.

Je ne sais même pas pourquoi on parle de “négociations”. Le P”S” a énoncé ses choix : pas de sortie du nucléaire hormis la fermeture normale des vieilles centrales, poursuite de l’EPR, confirmation du démentiel Ayraultport de Notre Dame des Landes : rien de cela n’était négociable. En fait, la seule négociation a porté sur les circonscriptions concédées aux “Verts”.
C’est tout simplement désespérant. Le lynchage médiatique et politique d’Eva Joly est un révélateur particulièrement éclairant.
Ce n’était pas évident, mais Eva Joly est pour moi une bonne surprise. Désignée de manière surprenante face au guignol Hulot, on pouvait légitimement douter de sa fibre écolo, et penser qu’elle cherchait simplement à faire carrière.
Au vu des derniers événements, c’est exactement le contraire qui se produit. Eva Joly semble être restée la dernière écologiste parmi les dirigeants “Verts”, la seule à ne pas vouloir tremper dans les magouilles politicardes et à rester droite dans ses bottes de renne.
A cet égard, le comportement de Monsieur le Sénateur Jean-Vincent Placé relève de la plus pure saloperie. Ce type n’est qu’un carriériste, un intrigant de seconde zone, un chasseur de sièges. Du genre à fréquenter les réunions de loge où il arrange ses petites affaires avec ses “frères”. Son but n’est pas de bouter le nucléaire hors de France, c’est de filer une circonscription parisienne à son Ex Cécile Duflot. On a les ambitions qu’on peut.
Ces “Verts” ressemblent de plus en plus aux communistes, dont Mitterrand s’était si habilement joué. Ils n’ont plus la moindre influence, mais conservent encore de lucratifs mandats. C’est croquignol, car si le communisme est assurément une idée du passé, l’écologie est sans discussion la principale idée d’avenir.
Les carriéristes ont désormais décidé “d’encadrer” Eva Joly. Un peu comme des flics encadrent un détenu, donc. Cette semaine, à la radio, elle a refusé de dire qu’elle appellerait à voter Hollande. Quelques heures plus tard, on imagine que c’est avec un flingue dans le dos qu’elle a été contrainte de dire le contraire. Un peu comme un otage contraint de lire la déclaration écrite par ses ravisseurs.
Le pire, dans cette histoire édifiante, c’est que tous les zobservateurs, médias, politicards, donnent tort à Joly, et s’en gaussent. Il n’est donc pas étonnant de lire un sondage qui annonce que “61% des français souhaitent qu’Eva Joly se retire”. Au profit de Jean-Vincent Placé ?
Dans un monde normal, “les Français” demanderaient à une immense majorité que ce soient les Hollande, les Sarkozy et leurs semblables qui se retirent…
Or donc, selon ces dégénérés qui ont totalement perdu le sens commun, il est donc forcément préférable de courir après les fromages que d’avoir des idées, une vision à long terme. Joly, piétinée par ses semblables, lynchée par la foule aveugle, avant de se voir grignotée par la candidature parasite de Corinne Lepage, devrait au final avoisiner les 1 ou 2%… Mais c’est pas grave, Placé est déjà au coup suivant, et si tout va bien il y aura trente 607 de fonction toutes neuves avec chauffeur, cocarde et gyrophare chez EELV en juin prochain…
Pauvres militants “Verts”… S’il y en a parmi vous de sincères (et c’est évident), comment pouvez-vous accepter les simagrées de Placé, l’arrogance de Ayrault, la fausse sortie du nucléaire de Hollande ?
Trouver des différences entre Sarkozy et Hollande (hormis leurs personnalités, bien sûr) relève du jeu des 7 erreurs, et nécessite une bonne loupe…
Il suffit de constater qu’ils sont d’accord sur la politique économique générale (capitaliste, libérale), qu’ils pensent que la “croissance” est la chose la plus importante au monde, que les institutions de la 5e République leur conviennent parfaitement, qu’ils ont voté comme un seul homme tous les traités européens, qu’ils trouvent normal de ne pas pouvoir emprunter directement à sa banque centrale, et qu’ils ne remettent pas une seconde en cause le remboursement obligatoire d’un dette impossible à rembourser dont les banksters fixent le taux d’intérêt comme ils l’entendent, avec la certitude de ruiner leurs peuples.
Handicap supplémentaire, Hollande a récupéré dans sa musette la plupart des DSKolâtres… Pas étonnant que le programme s’en ressente… Moscovici, futur premier ministre… C’est sûr, ça fait rêver. Et Jack Lang ! Vous y croyez, franchement ?
Ah il est loin le lyrisme frelaté de Montebourg… Hollande proposait déjà le programme “socialiste” le moins ambitieux qu’on ait oncques vu, avec pour “mesure phare” la création de 60000 postes d’enseignants… Mesure sur laquelle il revient déjà… Vous allez voir qu’il va encore le réviser, et que vers avril il promettra que le nombre de chômeurs ne dépassera pas les 10 millions, et que la dette pourrait être contenue autour des 5000 milliards… Enfin, si la croissance revient…
Et que dire de ce slogan, sans doute trouvé par un stagiaire sous cannabis en première année d’école de pub (option détergents et produits laitiers) : “réenchanter le rêve français” ? Pourquoi pas qualifier Hervé Morin de “Phare de l’humanité”, tant qu’on y est ?
Du coup, les paltoquets de l’UMP se gaussent. Ils auraient bien tort de se priver.
C’est pourtant pas compliqué à comprendre : nous sommes enserrés dans un système létal. Coincés entre épuisement des matières premières (qui signifie la fin inéluctable de la croissance), réchauffement climatique, obligation de rendre une dette démentielle aux banksters et fin de la démocratie, nous ne pouvons plus nous contenter de jouer petit bras. Ce que Mélenchon a traduit par “ce n’est pas un capitaine de pédalo qu’il nous faut.”
“Battre Sarkozy” sera évidemment un immense soulagement, mais l’erreur serait de considérer que c’est un but en soi. Surtout si c’est pour installer un clone, même moins antipathique (surtout qu’il y en a désormais un troisième, en la personne de l’ineffable Bayrou) : troquer bonnet blanc contre blanc bonnet, (et Balkany contre Guérini), non merci.
Pour paraphraser Eva Joly, c’est un “projet de civilisation” qu’il nous faut. Pas la réalisation d’une ambition narcissique.
C’est pourquoi il faut refuser d’avance tout chantage misérable sur le mode “si tu dis du mal de Hollande, c’est que tu veux faire gagner Sarkozy”.Source: Blog SuperNo

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