vendredi 4 novembre 2011

Sarko : Vers le désastre national

Jeudi 27 novembre, Nicolas Sarkozy a servi, à ceux qui voulaient l’écouter, sa « petite musique de nuit », sérénade pour endormir les citoyens qui pourraient être encore éveillés. Il nous a joué le numéro du « papa protecteur ». Sans doute, était-ce dû au fait qu’il venait d’avoir un enfant… Il paraît que 11 millions de citoyens l’auraient écouté. Certes, mais cela veut aussi dire que 54 autres millions avaient mieux à faire… N’est-ce pas, M. Copé… J’ai fait partie de ce deuxième groupe, parce que les sérénades sarkoziennes, j’en ai ma claque. Ce qui n’empêche pas, ensuite, de se tenir au courant des grandes lignes du petit concert…

Depuis ce soir-là, où le bonhomme a voulu se montrer, une fois de plus, comme le sauveur de la France, de l’Europe, voire du monde, ce monde a bougé et de bien violente façon. Lui qui croyait avoir réglé, pour le plus grand bénéfice du monde financier et spéculateur, la crise dite des « dettes », a pris, le 1ernovembre, un boulet grec en plein ego. Voilà que le Premier ministre, Georges Papandréou, sans doute devenu complètement fou, a décidé de donner la parole à son peuple pour valider ou rejeter l’accord de Bruxelles qui a valu une nuit blanche aux gouvernants européens.
Immédiatement, Sarkozy, tout retourné, tout remué, a dit qu’il était « consterné » ! Il y a de quoi, évidemment, lorsqu’on n’a rien à faire de la démocratie, lorsqu’on ne connaît rien à ce principe ou, si le connaissant, on le rejette. Il faut dire qu’une véritable démocratie n’est vraiment pas une bonne affaire pour le milieu des affaires…  Comment Sarkozy pourrait-il accepter ce référundum en Grèce, lui qui a « forcé » la France, dans le sens d’un viol, en nous imposant le TCE ou traité de Lisbonne, deuxième forme. On voit ce que cela a donné, tout s’écroule aujourd’hui. Sa « consternation », en tout cas, démontre parfaitement que cet individu n’a jamais travaillé pour le peuple français, ce peuple qu’il méprise de toute la hauteur de son ego.
Des temps féroces sont devant nous
Les temps, notre époque en fait, se durcissent. Il y a un vrai déferlement des haines. On l’a vu, hier, à propos du référundum grec. Il suffit, pour le constater, de voir l’attitude des marchés, mais également l’outrecuidance du couple Sarko-Merkel qui « convoquent », c’est le mot utilisé, Papandréou, à Cannes, en marge du G20. Mais pour qui se prennent-ils ces deux-là ? Il y a un mépris écrasant contre les Grecs, un mépris relayé par les médias lorsqu’on les écoute se moquer et rire de ce peuple qui a pourtant inventé la démocratie… C’est peut-être la raison de toute cette haine…
On a appris, également, que Merkel veut devenir le tuteur économique de la Grèce. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! La encore, de quel droit ? De celui d’un pays à nouveau conquérant qui ne respecte pas la liberté des autres, qui n’accepte que les pays qui se couchent devant sa volonté ? Serait-ce le droit du « plus riche » ? Serait-ce le fait de la « reine de l’Europe » ? Comment Georges Papandréou pouvait-il échapper à cette nécessité qu’est son référundum lorsque on entend de telles inepties ? Et comment le peuple grec pourrait-il accepter cette sorte de « curatelle » à l’allemande ? C’est un drame que l’on réserve, habituellement, à une personne handicapée physiquement ou mentalement. Sarko-Merkel ont-ils décidés que la Grèce est handicapée mentale ? Tout cela est profondément insultant et ne peut qu’être vigoureusement rejeté par tous les démocrates.
Et, à présent, en espérant couler le Premier ministre grec, c’est un ultimatum que ces deux petits tyrans européens viennent d’infliger à ce pays. « Tu te couches ou tu ne recevras pas les 8 milliards promis » ! En bon langage, cela s’appelle du chantage. « Merkozy » n’a pas le moindre respect de la souveraineté de la Grèce. Devant ce délabrement de ce qu’aurait dû être la démocratie européenne, je veux espérer que les yeux des Français s’ouvriront en avril et mai prochain.
A l’heure où j’écris ces lignes, il est question que Papandréou démissionne. Les informations sont contradictoires, puisque certaines affirment qu’il refuse cette démission. Je crois, cependant, qu’il ne faut guère se faire d’illusions. Dans une démocratie, le référundum est accepté et appliqué. Mais cette Europe des banquiers impliqués largement dans la crise, n’a rien à voir avec une démocratie. Ils sont en train de nous le prouver, tout comme Sarko et Merkel nous prouvent qu’ils sont au service exclusif de monde maudit de la finance pour qui l’humain n’a aucune importance.
Il saute aux yeux des gens un peu lucides que, désormais, c’est l’Allemagne qui commande en Europe, et uniquement elle. Il est d’autant plus urgent que Sarkozy soit débarqué. Car, il ne faudrait tout de même pas qu’en cinq ans, à cause de son allégeance à Merkel, Sarkozy réussisse ce qu’ont échoué à faire Bismarck, Guillaume II et Hitler ! Je refuse, pour ma part, toute inféodation à l’Allemagne, sous quelque forme que ce soit. Autant j’accepte et trouve sain que l’amitié Franco-Allemande se développe, autant il est inacceptable de passer sous les fourches Caudines du système allemand. En France, majoritairement, nous sommes des latins qui ne peuvent vivre selon les critères germains ou anglo-saxons.
L’enterrement de la démocratie
L’Europe, la véritable Europe, pas cette caricature voulue lors du traité de Lisbonne, ne pourra pas se faire si elle persiste à n’exister que pour les intérêts des financiers, ce que précisément nous avions rejetés en 2005 lors du référundum. Elle ne sera pas non plus viable si l’un des pays domine tous les autres. Si je suis choqué par l’alignement permanent de Sarko sur la volonté allemande, je le serais autant si c’était la France, l’Angleterre ou l’Italie qui dominaient le reste des Européens. Faire l’union uniquement sur une monnaie est, et a toujours été, absurde. Une union européenne ne pourra être une réalité qu’au moment où les peuples, librement, le voudront, le choisiront et sans le monde de la finance. Le reste n’est que discours creux ou manipulations du monde des affaires.
En outre, la politique de destruction des services publics dans toute l’Europe, sous les injonctions de l’idéologie néolibérale, l’appauvrissement constant des peuples, et le mépris des « élites » élues envers les citoyens de leur pays, toutes ces aberrations conduisent nombre de citoyens, partout en Europe, à se tourner vers l’extrême droite. Nous retrouvons, là, le schéma tragique des années trente, ces années qui ont conduit à la deuxième guerre mondiale et à l’exacerbation d’un racisme abominable qui s’est terminé par l’extermination de six millions de juifs ainsi que l’extermination des tziganes, des handicapés, des homosexuels et des opposants de gauche. Il n’est pas besoin d’être un fin analyste pour comprendre que tous les éléments d’une future guerre, qu’elle soit mondiale ou civile, se mettent en place grâce à l’incompétence et les politiques aussi égoïstes qu’égotiques des dirigeants européens actuels.
Cela me confirme que le Premier ministre grec avait parfaitement raison de vouloir ce référundum. La Grèce aurait pu être le premier pays libéré de l’Europe néolibérale, cette honte dont les Français et quelques autres pays n’ont pas voulu, il y a quelques années.
Ce n’est pas en France qu’on risque de voir un référundum sur le sujet. Il faudrait pour cela que Sarkozy et les siens aient une réelle notion de ce qu’est la démocratie, il faudrait que ces gens-là s’écartent de leurs riches commanditaires. Autant rêver… Cependant, même si je n’ai plus la moindre foi dans les élections, je veux espérer que Sarkozy sera sorti au mois de mai prochain. Et, je veux espérer aussi, que le peuple français saura dire aux nouveaux dirigeants ce qui est sa volonté, le sens dans lequel les nouveaux politiciens devront aller pour éviter l’explosion généralisée.
En conclusion, je dirais, surtout si Papandréou démissionne ou est forcé de le faire, que nous vivons un jour de grande tristesse pour les humanistes et démocrates : L’UE, les USA complices, le FMI et le monde de la finance sont en train d’enterrer la démocratie ! Ils nous en font une démonstration magistrale ! L’enterrement se fera sans fleurs ni couronnes, de nuit, car tous ceux-là n’ont aucun courage, et ne considèrent la démocratie que comme une dépouille à jeter dans la fosse commune.
Cette triste page de l’histoire d’aujourd’hui aura au moins un mérite : C’est d’avoir déchiré, de haut en bas, le voile de l’hypocrisie de nos dirigeants politiques actuels.
Jean Dornac
Paris, le 3 novembre 2011

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