jeudi 8 mars 2012

Achète mes armes, je te donnerai du mordorandum

7 mars 2012
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Des officiers de l'armée grecque sur le tarmac de l'aéroport militaire de Tanagra, à quelque 100 kms au nord d'Athènes.
Des officiers de l'armée grecque sur le tarmac de l'aéroport militaire de Tanagra, à quelque 100 kms au nord d'Athènes.
Encore une fois, les ventes d’armes refont surface en ces temps d’austérité avancée. Alors qu’à Rhodes, la population jette du yaourt et des bouteilles d’eau aux hommes politiques qui ne sont plus les bienvenus, la France, l’Allemagne et la Hollande, et c’est officiel, ont vendu à la Grèce, en 2010, l’équivalent de plus de 1 milliards d’euros d’armes. 1 milliard : c’est juste la réduction budgétaire de la santé qui a été demandée par la troïka  lors du vote du dernier mordorandum qui transforme la Grèce en pays du tiers monde. Armes ou santé, armes ou éducation, armes .. à tort ?
La France, en 2010, était de loin le plus gros vendeur d’armes européen en direction de la Grèce, avec 794 000 000 €, selon les données européennes du Conseil sur les licences d’armes accordées par les Etats membres. Elle a également vendu pour 58 millions d’euros de missiles et 19 millions d’euros de technologies électroniques.
Les Pays-Bas et l’Allemagne ont vendu pour près de 90 millions d’euros d’appareils électroniques et de véhicules terrestres. L’Italie a vendu pour 52 millions d’euros de fusils et de pièces d’aéronefs, tandis que l’Espagne a vendu pour 33 millions d’euros de produits chimiques de qualité militaire (vous savez, ces milliers de bombes incapacitantes et lacrymogène régulièrement utilisées contre les manifestants grecs).
Le ministre de la défense grec de l’époque, Panos Beglitis,  a déclaré en 2010 à Reuters que les autres Etats membres n’ont pas mis la pression sur Athènes pour acheter des armes en échange du plan d’aide. «Cela [achat massif d'armes] a toujours été le cas avec ces pays. Ce n’est pas à cause de la crise, il n’existe aucun lien, » a-t-il dit.
Mais un assistant de George Papandreou de l’époque, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré : « Personne ne dit« Achetez nos navires de guerre ou nous ne vous aideront pas à vous en sortir. «  Mais l’implication est claire, ils seront plus coopératifs si nous le faisons.  » (source euobserver.com).
Nous allons devoir attendre les comptes 2011 pour voir quels niveaux de ventes ont été réalisés officiellement par les poids lourds de la défense européenne vers la Grèce en 2011. Gageons que les chiffres seront au moins équivalents à ceux de 2010. Car si les rumeurs encore récentes sur l’acquisition pour pas moins de 400 millions d’euros de 223 obusiers auto tractés et un sous-marin n’apparaissent pas dans le document officiel 2010, on peut se dire que ces acquisitions sont peut-être passées sur le budget 2011, ou 2012 ?
Dans le cadre géopolitique, s’il est vrai que la Grèce a une position centrale, il aurait peut-être été plus judicieux de lui imposer une rigueur sur sa défense et éviter de faire s’écrouler la santé, l’éducation, la société entière, quitte à lui garantir une protection en cas de conflit futur. Mais non, il est sans doute plus rentable -stratégique ?- de lui vendre des armes.
Des armes contre un mordorandum. Des armes en échange de l’appauvrissement de la population. Des armes contre l’oubli de la démocratie.

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