lundi 18 juin 2012

Qui peut croire encore aux vertus du capitalisme ?

Posté par calebirri le 15 juin 2012
La période électorale que nous traversons est l’occasion de mettre tout le monde face à ses responsabilités, car la crise oblige les citoyens comme les dirigeants, les pauvres comme les riches, à se résoudre à faire un choix déterminant pour eux-mêmes et pour les autres, pour demain et pour après. C’est donc presque « naturellement » qu’on s’étonnerait d’une abstention qui dépasse les 40 %, alors même que l’occasion de choisir nos dirigeants ne reviendra pas avant cinq ans.
Mais de quoi faut-il s’étonner, si ce n’est justement qu’il y ait plus de 60 % des citoyens qui votent encore, et à plus de 50 % (56,47 % exactement , presque 15 millions) pour ce qu’on appelle « l’UMPS » ?
Car ces deux partis sont quand même ceux qui font la pluie et le beau temps (et surtout la pluie) depuis des décennies, et ils ont clairement fait la preuve sinon de leur incompétence, au moins de leur malhonnêteté : toujours ils ont promis de servir les peuples, et toujours en réalité ils s’en sont servi pour favoriser la petite caste (les « 1%« ) qui s’enrichit sur le dos des pauvres…
Mais c’est cela la loi du capitalisme ! Rien de nouveau sous la pluie… Et les chiffres sont connus de tous : une toute petite majorité possède une grande majorité des richesses du monde, et cela ne va pas en s’arrangeant. Comme l’idéologie que ces partis défendent tous deux l’est également (connue) : c’est la conservation de ce système, à tout prix.
Comment alors, dans ces conditions, les citoyens peuvent-ils encore voter « contre eux-mêmes », à la fois contre leurs propres intérêts et contre l’intérêt général, voilà la question qui se pose. J’ai déjà parlé des classes moyennes qui servent à entretenir le flou à propos des intérêts de classes, mais sans doute pas assez de la propagande qui engendre cette erreur de jugement. Car il est impossible que tant de gens croient encore aux vertus du capitalisme après des siècles et des siècles de guerres, de famines et de misères s’ils ne sont pas au fond d’eux-mêmes convaincus que ce système peut favoriser l’intérêt général, et eux avec…
Pourtant, avec internet et la médiatisation incontrôlée (et pour l’instant heureusement incontrôlable) nous sommes en capacité de voir, de connaître, d’être informés de tous les conflits que ce système génère, comment il fonctionne en vases communicants, comment il est intrinsèquement injuste puisque amoral.
Nous savons que le capitalisme c’est la concurrence, la rareté, la compétitivité, la rentabilité, la rationalisation, le monopole, l’individualisme… Nous savons que le capitalisme détruit la planète et oppose les hommes, nuit à la santé et à l’utilité générale, contraint la science et la recherche, enfin s’oppose à la démocratie.
Mais nous continuons malgré tout de voter pour ces types qui nous disent vouloir perpétuer ce système, le sauver, l’améliorer, jusqu’aux « communistes » et autres « anticapitalistes » dont le programme n’est en réalité qu’économique.
Comment est-ce possible autrement que par un conditionnement généralisé qui pousse les citoyens à préférer la certitude d’un mal qu’il connaissent à l’incertitude d’un bien qu’ils ne connaissent pas ?
Avec le retournement du capitalisme il faudra bien pourtant qu’on se décide et qu’on choisisse, car selon les lois capitalistes qui nous sont si chères l’Europe n’est destinée qu’à la ruine ou à la suppression de la démocratie : pour retrouver la compétitivité, il faudra sacrifier ou nos conditions de vie, ou nos libertés. Sommes-nous vraiment prêts pour cela ?
Il n’y a que deux options pour éviter d’avoir à faire ce choix : la guerre pour voler les richesses des autres et retrouver la croissance, ou la sédition pour tenter de construire un nouveau monde, ensemble. Et ce n’est qu’en prenant conscience de leur véritable situation et de leur place dans le monde que les peuples pourront faire basculer et l’Europe et le monde dans un autre rapport de forces.
Ainsi seulement la logique de leur engagement pourra se conformer à leurs véritables intérêts, qu’ils soient individuels ou collectifs.
Quand allons-nous enfin nous mettre à rechercher un système moins injuste qui soit basé non pas sur ce que nous avons à partager, mais sur ce dont nous avons besoin ? Quand allons-nous cesser de participer à l’exploitation des autres pour satisfaire nos seuls besoins individuels ou même nationaux ?
Il ne faut plus croire qu’en soutenant les banques nous nous soutenons nous-mêmes, ou que cela va s’arranger une fois les mesures d’austérité ayant ramené l’équilibre : nous aurions alors tellement perdu qu’il ne serait pas difficile de voir une amélioration comme une croissance. Ce qui n’est qu’une vue de l’esprit. Ce n’est donc pas des Grecs qu’il faut attendre notre salut ni de nous-mêmes (nous avons échoué), mais d’un grand mouvement international non politisé qui se rassemble et réfléchisse une bonne fois à la seule question qu’il importe désormais de régler : par quoi remplacer le capitalisme ?
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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