jeudi 7 juillet 2011

Le NPA enrolé contre la démondialisation


Et de trois ! En une semaine Le Monde vient de publier son troisième article pour fustiger la démondialisation. Pourquoi n'interroge-t-il pas Olivier Besancenot ou son successeur ?



Après un prof de sciences po, Lamy le patron de l’OMC, le 7 juillet Le Monde a publié une chronique de Pierre Lelouche. Petit progrès ce dernier article est suivi d’un article de Jean-Claude Werrebrouck, un membre fondateur de l’association Manifeste pour un débat sur le libre-échange 

          Deux constats :   
  •  Au fur et à mesure des interventions le niveau baisse. Il n’y a plus plus beaucoup  d’arguments intéressants dans l’article du secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur. L’avocat nous conseille juste de ne pas « refuser cet état de fait ».  Suit une référence au modèle allemand. C’est un peu faible comme justifications. D’autant plus que notre ministre exhorte la France à mettre en place une « vraie politique industrielle », alors que l’Europe la rend impossible et que depuis quatre ans au gouvernement, l’actuelle majorité n’a rien fait en ce sens.   
  •  L’origine sociale des auteurs est trop homogène pour permettre au Monde de ratisser large. Voilà trois portes parole des classes sociales dominantes, socialistes ou de droite. 
Le quotidien du soir pour élargir les points de vue pourrait interroger l’ancien candidat du NPA, Olivier Besancenot.  Il est favorable à la mondialisation et constate un accroissement des relocalisations.    
L’entretien qui suit est tiré d’un journal dont on va entendre beaucoup parler dans les années à venir : «Fakir, journal fâché avec tout le monde. Ou presque  ». 

François Ruffin raconte cette histoire dans un grand article sur la fiction des relocalisations où il s'en prend à tout le monde ou presque .   

« C’était le 5 janvier 2010, au procès en appel des Contis, devant le Palais de Justice d’Amiens. Olivier Besancenot grimpe les marches du bâtiment. Ma marotte me titille, mais j’hésite, par civilité, pour ne pas déranger. D’autant qu’il a l’air crevé : il tenait un meeting, dans mon quartier, hier soir. Après quoi il a sans doute tenu un après-meeting, pour refaire le monde avec ses camarades autour d’un pot. Dans le hall, y a la queue, à cause du portique de sécurité. On piétine côte à côte. On patiente. Je me décide, tant pis pour la courtoisie…

« Monsieur Besancenot, excusez-moi de vous déranger, je fais un petit journal qui s’appelle Fakir…
- Oui ?
- … et je me demandais ce que vous pensez du protectionnisme ?
- Ah… » Il a comme un mouvement de surprise, de recul, qu’on ne lui pose pas une énième « question d’actu » sur les Contis, Sarkozy, les régionales, le dernier sondage, qu’on se lance dans la théorie économique dès le lever. Puis il se redresse, se reprend : « Au NPA, on est contre. Ca va juste renforcer le pouvoir des capitalistes et des actionnaires, dresser les travailleurs les uns contre les autres, pénaliser les salariés du Sud, aider les capitalistes du Nord. » Il regarde ailleurs, vide ses poches, le débat semble clos.
« Mais, quand vous voyez les Contis, comme les salaires sont trop élevés en Picardie, on envoie l’usine en Roumanie… Est-ce que ce n’est pas ça, justement, je ne sais pas, qui dresse les peuples les uns contre les autres ? Est-ce qu’on ne se dirait pas que, contre le dumping social, il faudrait des taxes douanières ?
- Non, nous sommes contre toute mesure qui pourrait réveiller les nationalismes. »
Il se retourne, dépose ses clés dans un petit bac en plastique.
« Mais alors, qu’est-ce qu’on doit faire ?
- Il faut soutenir les luttes des travailleurs, toutes les luttes, partout en Europe et dans le monde : c’est la seule solution pour que la classe ouvrière conquiert de nouveaux droits. »
Il passe sous le détecteur, qui ne sonne pas.
Je le rattrape :
« Mais qu’ils luttent ou pas contre les délocalisations, de toute façon…
- Elles relocalisent, y a des tas de boîtes qui relocalisent. Pour obtenir des aides publiques… 
- C’est des exceptions. Y en a pas beaucoup. 
- Si, y en a plein, moi j’en connais plein. 
- Moi pas. C’est juste quelques exemples, mis en valeur par le Medef et les médias… 
- Appelez le NPA, ils vous donneront une liste. 
- Mais le mouvement général, c’est quand même une perte d’emplois industriels… 
- C’est vrai pour tous les pays du Nord. On assiste à un déclin de l’industrie vers d’autres formes d’emplois. » 
J’arrête, je l’embête. » 

François Ruffin a appelé le NPA qui n’avait pas de liste à lui fournir. On peut comprendre pourquoi notre journaliste, militant de la gauche de gauche « éprouve comme un vague désarroi. Tant de contre-vérités, d’insuffisances, en si peu de phrases  : 
1 - le protectionnisme « va juste renforcer le pouvoir des capitalistes et des actionnaires ». Mais pourquoi, alors, au cours de tous les G7, G20, Davos, etc., les présidents, ministres, patrons, bref tous les dirigeants capitalistes s’emportent contre la « menace protectionniste » ? Par altruisme ? 
2 – le porte-parole du NPA s’attache à des détails – de très rares relocalisations (et pour une poignée d’emplois), des aides publiques scandaleuses (mais qui pèsent peu dans la balance) – pour éviter le fond du problème, cette concurrence instaurée à l’échelle de la planète. 
3 – la « solution » qu’il présente - la lutte, partout, en France, en Europe, dans le monde - apparaît bien lointaine, sinon illusoire : les Contis ont lutté, et sont vaincus. 
4 - il en ressort, finalement, un sentiment de fatalité : de toute façon, le « déclin de l’industrie vers d’autres formes d’emplois » est inévitable. Un Dominique Strauss-Kahn, une Christine Lagarde, un Jean-Pierre Raffarin ne diraient pas mieux…» 

Peut-être que le NPA devrait-il réfléchir aux moyens de lutter contre le dumping social et les délocalisations. Sinon il se contentera  comme son nouveau candidat de constater : qu’«  il y a comme une démoralisation… On manque d’énergie, d’espoir » (Canal+).

Faites un effort, nous avons besoin de vous camarades. 

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