mercredi 11 janvier 2012

Sommes-nous représentés par ces gens-là ?



La première fois que j’ai eu affaire au parachutage, c’était en 1986. J’étais encore étudiant et habitais dans les Côtes du Nord (rebaptisé depuis “Côtes d’Armor”, même si “Côtes de Porc” serait plus adapté)
1986, la présidence Socialiste de Mitterrand avant déjà viré au “socialisme”, Delors avait déjà commencé à distiller son venin libéral ouiouiste, Fabius avait remplacé Mauroy…
L’heure était à la glorification du pognon, à la célébration de la libre entreprise… Tapie, Montand, Joffrin… étaient déjà à l’œuvre pour décérébrer la France.
Pour ceux qui ont la chance d’être trop jeunes pour avoir connu cette époque, une seule solution : écouter les émissions de Là-bas si j’y suis, récemment rediffusées.
Quant aux rapaces de droite, privés du pouvoir depuis 5 ans, ils affûtaient leurs serres et sentaient leur heure venue. Ça faisait déjà quelques années que les “journalistes” vedettes, l’impayable Duhamel en tête, se pignolaient quasi-quotidiennement en évoquant la “cohabitation”.
La vieille clique giscardienne était finie, et on n’allait pas tarder à faire connaissance avec la clique chiraquienne, les Balladur, Pasqua, Léotard, Madelin, Longuet, sans oublier leurs copains patrons et banksters… Ces gens qui allaient mettre la France en coupe réglée pendant plus de 20 ans.
1986, c’était aussi la montée de Jean-Marie Le Pen. Son idéologie nauséabonde (“Tout ça, c’est la faute aux bougnoules“®), qui n’a guère changé dans son approche, commençait à gangrener la vie politique, ce que Mitterrand, stratège “politique” hors pair, avait décidé d’exploiter à fond.
Devant la perspective d’une dégelée royale aux législatives de 1986, Mitterrand avait tenté un coup inouï : modifier le mode de scrutin et faire élire les députés à la “proportionnelle départementale”, à un seul tour. Imaginez un peu Sarkozy faire la même chose aujourd’hui, le scandale que ça ferait…
Dans chaque département, ce sont donc des listes de 5 (plus ou moins) noms qui ont été proposées aux électeurs. Le but était de limiter la victoire de la droite, et de lui mettre dans les pattes des députés Lepénistes (ils furent 35).
Concrètement, n’importe quelle tête de liste investie par le RPR ou le P”S” était sûre d’être élue, ce qui avait l’avantage de transformer la France entière en Hauts de Seine ou en beaux quartiers de Paris : élection assurée pour n’importe quel guignol de l’UMPS en tête de liste.
Le stratège électoral du RPR était Charles Pasqua. Un gage de probité et de prise en compte scrupuleuse des intérêts de l’électeur.
Et c’est ainsi que nous avons vu débarquer dans les Côtes du Nord un dénommé Bertrand Cousin, RPR bon teint, sans aucun lien avec le département, sauf qu’il s’est opportunément souvenu qu’il était né dans le Finistère, le département d’à côté. Le foutage de gueule intégral. Cousin, repentant, a raconté plus tard ses aventures burlesques dans un livre. Extrait :
Bertrand Cousin se retrouve un matin dans le bureau de Charles Pasqua. Avec l’accent qu’on lui connaît, il lui lance : « J’ai besoin de vous au Parlement pour annuler toutes les conneries de la gauche sur l’audiovisuel et la presse écrite (Bertrand Cousin est alors directeur général du groupe Hersant). J’ai réfléchi à votre implantation. Dans le Finistère, il y a beaucoup de députés de droite et donc pas de place pour vous. Alors, ce sera les Côtes-du-Nord »”.
Cousin était l’un des dirigeants du groupe Hersant, propagandiste de droite, et qui avait son contingent réservé de députés.
Son parachutage était un scandale, et constituait une magouille politique, à l’opposé de l’intérêt des électeurs. Cousin est allé se faire voir ailleurs à la première occasion, et personne ne se souvient de ce qu’il a pu faire pour les Côtes du Nord, si tant est qu’il y ait jamais mis les pieds…
Désolé, ce n’était qu’un préambule. Un peu long peut-être…

Aujourd’hui, en 2012, les parachutages éhontés persistent. On a déjà parlé de celui de Cécile Duflot à Paris, de celui de Claude Guéant à Boulogne… Dans les deux cas, il s’agit de sièges “gagnés d’avance”, et qui sont destinés à asseoir la santé financière et la prétendue respectabilité de notables. Ces gens-là se répartissent les sièges comme s’ils leur appartenaient, avec le plus parfait mépris pour l’électeur, comme si son vote n’avait aucune importance et que le scrutin était plié d’avance.
Regardez un peu Guéant : il n’a jamais été élu… Et pour cause : il a le charisme et l’empathie d’un bulot cuit, il n’est bon que dans les combines, magouilles, barbouzeries et coups tordus, et dès qu’il prend la parole, c’est pour pondre de bonnes grosses beauferies racistes, pour faire du sous-Le Pen (pendant que la mère Le Pen fait du sous-Laguiller…).
Ça ne marche pas toujours. Regardez Arnaud Dassier, l’ex Cow-Boy de Sarko. Un culot et une opinion de lui-même sans bornes, des convictions ultralibérales qui font sourire tant elles sont outrancières, à croire que ce “p’tit sale mec” n’a jamais vécu dans la vraie vie, et n’a pas écouté les actualités financières depuis les années 80… Pas étonnant qu’il fut le perroquet télématique de Sarko en 2007…
Son boulot, il le doit peut-être à son talent, mais plus vraisemblablement à son statut de fils à papa. Car son père, Jean-Claude Dassier, est un journaliste riche et puissant, qui fut notamment directeur de l’info de TF1. Le petit Arnaud n’a pas dû manquer de grand chose… Né avec une cuiller en argent dans la bouche, il a pu s’improviser web-entrepreneur à succès… Sans son papa, il aurait peut-être été chômeur, ouvrier, de gauche… Mais non, il est né riche, de droite, et veut faire chier les pauvres.
Estimant que son œuvre auprès de Sarkozy suffisait à le rendre légitime pour briguer un poste de “représentant” (comme s’il n’y avait pas déjà assez de représentants des riches…), il s’est souvenu qu’il avait passé une partie de son enfance dans le Loiret, et que, comme par magie, une nouvelle circonscription s’y étant créée, elle lui revenait de plein droit. Plus prétentieux et suffisant tu meurs.
Mais les pontes locaux pensent aussi que les circonscriptions leur sont dues, et ont eu tôt fait de moucher l’impudent qui venait chasser sur LEURS terres. Et aussitôt le petit Dassier de se répandre sur Twitter, et de pourrir son ancien mètre à penser qui n’avait rien fait, l’ingrat, pour le défendre. Et de conchier le système des barons de l’UMP… Un peu tard, tout de même, puisqu’il avait contribué à le faire élire en 2007…
Mais rassurez-vous, électeurs inquiets : le petit Dassier va revenir, cette fois dans le sillage de … Bayrou ! PTDR, comme on dit sur Twitter ! Il va y retrouver ces sommités de la politique, les derniers en date étant Christine Boutin et…. (j’en vois qui pouffent dans le fond)… Philippe Douste Blazy !
Juste un mot sur cet énergumène, l’Attila de la Mamounia… J’ai l’habitude de dire du mal de plein de politiciens. Et c’est vrai, il y en a un paquet de nuls, menteurs, incompétents, prétentieux, pourris… Mais Douste-Blazy, il les bat tous. Sans exception. À plate couture. Qu’un concentré de guignol pareil (qui fut accessoirement le pire ennemi de Bayrou) ose encore ramener sa fraise, c’est tout simplement extra-terrestre. Bref.
Chez Bayrou, le petit Dassier ne sera pas dépaysé. Des ultralibéraux dogmatiques et ridicules, on en ramasse à la pelle. Si ça se trouve, ils n’ont même pas ri hier matin sur France Inter en entendant le fiston à papa Jean-Claude débiter son bréviaire de gosse de riche :”il faut diminuer le nombre de fonctionnaire et le nombre de pages du code du travail”.
(Si la vidéo ne fonctionne pas, cliquez ici)

Le dernier parachuté dont je veux parler, c’est Jack Lang. À vrai dire, c’est même la nouvelle de son arrivée dans les Vosges qui m’a énervé au point de vouloir écrire ce billet sur le champ.
Jack Lang, vous vous rendez compte ? Le parangon du prototype de la Gauche Caviar dans toute son horreur. Le plus gros lèche-cul présidentiel qu’il nous ait jamais été donné d’admirer. Le profiteur de la République dans toute sa splendeur. Grande fortune, il habite Place des Vosges, l’un des clapiers à rupins les plus courus de Paris. À côté de son grand pote DSK, sacrée référence.
À 73 ans, pourquoi ne prend-il pas la seule décision censée qui soit : prendre sa retraite ? Après tout, qu’a-t-il fait ces dernières années ? Défendre son goret de copain à coup d’arguments odieux (“y’a pas mort d’homme”) ? Aller en Côte d’Ivoire défendre l’indéfendable Gbagbo, son compagnon de boîtes de nuit qui lui a sans doute tant donné ? Représenter Sarkozy dans des “comités” ou des “missions” ? Être le seul “socialiste” à voter la grotesquissime loi Hadopi ? Dégage, papi ! La Lorraine, qui doit déjà subir les Longuet, Morano, Rossinot, Grosdidier, Jacquat et maintenant Lang, n’est pas une poubelle, ni un cimetière des éléphants.
D’ailleurs, que Jack soit élu à Blois, à Boulogne sur Mer ou à Saint Dié des Vosges, là où ses amitiés maçonniques le porteront, qu’importe, il n’y mettra jamais les pieds. C’est un emploi fictif. L’important, c’est d’avoir l’indemnité, le gîte, le couvert, la voiture qui fait pinpon et son chauffeur, et des journalistes obséquieux qui lui parlent comme s’il était important.
Le 6 mai prochain, nous élirons à la Présidence de la République un liquidateur de crise nommé à grands coups de temps de parole totalement déséquilibrés et de sondages truqués par les médias aux ordres des banksters et des multinationales, et qui devra, sous le contrôle des dits banksters, s’assurer que leurs établissements récupèrent jusqu’à leur dernier euro, dût le peuple rendre jusqu’à son dernier centime. .
En juin, nous devrons choisir nos “représentants”, qui ne sont certes pas tous aussi caricaturaux que les spécimens que j’ai décrits, mais qui seront majoritairement de riches notables polycumulards qui ne nous représenteront en aucune façon.
Pendant ce temps, Marine Le Pen monte dans les sondages, puisqu’elle semble être la seule capable de cristalliser la colère populaire. Et les autres, journaleux, politicards, ils s’indignent et ne comprennent pas.
Le scandaleux golden parachute de Jack Lang donne entièrement raison à Etienne Chouard. Ce mode de désignation de nos “représentants” est à bout de souffle, il faut en changer.
… et si on mettait en place le tirage au sort, et que le nom de Jack Lang sorte quand même du chapeau, c’est que nous sommes maudits, tout simplement.




Source: Blog SUPERNO

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