Les socialistes européens, alliés privilégiés du monde des affaires ?
D’une Internationale à l’autre
Par Geoffrey Geuens
Réunis en 2008 à New York, au siège des Nations Unies, les dirigeants de l’Internationale Socialiste y réaffirmèrent leur volonté de lutter contre l’hypercapitalisme et la recherche du profit à tout prix. L’œil, la paille et la poutre. A moins, bien sûr, que nous n’ayons mal interprété les intentions des uns et des autres ; les incantations en faveur d’un contrôle accru des institutions bancaires devant être, dans ce cas, prises au sérieux. Après tout, blairistes comme strausskahniens, se révèlent tenaces lorsqu’il s’agit de siéger dans les conseils de surveillance des leaders mondiaux de la haute finance. Surveillance, disons, rapprochée.
Figure désormais imposée de la communication politique, la dénonciation des « marchés financiers » – aussi virulente qu’inoffensive – restera sans suite. On nous l’avait pourtant promis : les choses ne seraient plus jamais comme avant. La régulation, par exemple, des hedge funds. Le travailliste Lord Malloch-Brown, ex-secrétaire général adjoint de l’ONU, observe leurs pratiques, de très près, en tant que vice-président de l’empire Soros Fund Management…
Quelle crédibilité accorder, dès lors, au candidat socialiste à la présidentielle française, lorsque ce dernier clame haut et fort : « Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire quel est mon véritable adversaire : il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc jamais élu. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » Pas de visage ? Pas de nom ? Pas de parti(s) ? Rien n’est moins sûr. Il est vrai qu’il est plus confortable de dénoncer les « marchés financiers » que de s’attaquer, très concrètement, aux acteurs réels de la haute banque et de la grande industrie. Un tel projet politique placerait François Hollande dans une position bien inconfortable : celle qui consisterait à s’en prendre aux privilèges de certains de ses propres conseillers et de ses (anciens) collègues européens passés de l’Internationale socialiste à l’Internationale capitaliste. François Hollande s’y est pourtant engagé : il combattra « sans faiblesse » le « monde de la finance ». On voudrait bien le croire.
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