Un 1er Mai... pour quoi faire ?
Par Patrick mignard
Question politiquement sacrilège qui distille le doute ! « défaitisme ! » diront certains, « la tradition ! », diront d’autres, « montrer sa force ! », « montrer que l’on est là ! », « on se doit d’y être ! » !...
Rien de bien convaincant dans ces répliques. Pourquoi ? Parce qu’au
fond de nous-mêmes, même si on a du mal à le reconnaître, il y a le
doute ! Le doute que cette manifestation, cette « Fête du Travail » soit une démonstration de force des travailleurs.
Qu’à certaines époques, celles où les ouvriers représentaient une force sociale, où les mobilisations faisaient gagner
des avantages sociaux, oui, le 1er Mai avait un véritable sens social,
politique, en plus d’être symbolique. La force qu’exprimait le 1er Mai
c’était, en ces temps, l’expression d’une force sociale qui, par ses
mobilisations, ses luttes, parvenait, concrètement, dans les faits et
dans le droit, à imposer au Capital des avantages pour celles et ceux
qui créaient des richesses et qui exigeaient une plus juste répartition.
Depuis quelques années, le rapport des forces sociales a
largement évolué, et pas dans le sens des intérêts des travailleurs.
Les marchés se sont mondialisés, l’État a bradé les services publics, a
déréglementé, s’est désengagé, s’est soumis aux marchés financiers. Le
marché de la force de travail s’est mondialisé d’où les délocalisations
et la fonte de ce qui constituait l’élément essentiel du combat social :
la classe ouvrière. Qui peut aujourd’hui parler du patronat, comme on
en parlait autrefois ? Avec les fonds de pensions, les fonds
spéculatifs, les Hedge Funds, les salariés qui combattent sont systématiquement vaincus. Des exemples récents ?
Les travailleurs n’ont même plus l’espoir de trouver une solution dans l’alternance que propose le système « démocratique »
dans les vieux pays industriels. La social-démocratie et ses alliés,
les écologistes, ont fait nettement le choix du libéralisme, et se
plient donc à sa philosophie en épousant les lois et règles du système
marchand. L’extrême gauche anticapitaliste s’agite, produit des leaders,
fait de la surenchère mais reste sur les vieux modèles politiques du
changement politique et social. Sans parler de l’extrême droite qui
fleurit sur le fumier de la crise et qui attend patiemment que le fruit
vénéneux de la marchandise soit à point.
« C’est la lutte finale… »
chantait-on, depuis des générations, dans les défilés du 1er Mai.
Est-il encore de saison de le chanter aujourd’hui ? Quand on en est
réduit à promener des symboles, vides, dans les rues il ne s’agit plus
de mobilisations sociales, mais de simples processions ! In cauda venenum !
Patrick Mignard
1er Mai 2013
1er Mai 2013
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